Le Pré aux Oies est une ville bien ordonnée. Tout en haut se trouve le Palazzo, origine et centre du pouvoir de la Régentine. Tout en bas, il y a le bien nommé Quart Bas, qui accueille tous les rebuts de la société. C'est là que vivent le jeune Lazario et son Maître, un vieil homme dont l'apparence anodine dissimule un redoutable combattant et un philosophe roublard.
Un soir, le Maître est capturé par la Garde Verte, l'une des six forces de police de la ville. Son Inquisitrice semble croire qu'il peut la mener à Bavardasse, un agitateur révolutionnaire masqué qui sème le trouble dans les tavernes du Quart Bas. Pour le retrouver, Lazario va remuer ciel et terre, parfois littéralement, et mettre cul par-dessus tête le monde bien ordonné du Pré aux Oies.
L'éveil du Palazzo constitue le deuxième tome de la série feuilletonesque Mille Saisons, mais il est tout à fait possible de le lire sans s'être plongé au préalable dans La géante et le naufrageur. Les deux récits sont presque complètement indépendants, à l'exception de quelques passages du tome 2 qui viennent éclairer sans pour autant divulgâcher les événements du tome 1.
Si le ton d'ensemble reste très gouailleur et potache, dans un univers débordant d'inventivité, ce livre-ci est visiblement plus réfléchi que le précédent. Ce dernier était un récit de voyage relativement simple et linéaire, dans lequel les personnages passaient d'un lieu à un autre et d'une intrigue à l'autre, avec quelques fils rouges mais une structure résolument épisodique. Ici, on a affaire à quelque chose de plus planifié, avec des questions posées au début qui ne trouvent leur réponse qu'à la fin, un nombre de factions et de personnages nettement accru (on change d'ailleurs de narrateur pendant toute une section du livre) et quelques éléments de réflexion politique.
Cette évolution rappelle que la série est une œuvre collective à laquelle contribuent aussi les deux fils de Léo Henry et que ces derniers ont gagné quelques années depuis le commencement de cette drôle d'aventure. Elle me fait penser à celle ayant conduit le Disque-monde de Terry Pratchett d'une série de travelogues potaches à des satires mordantes de la société moderne. Je ne peux que souhaiter le même succès à Mille Saisons, dont la parution épisodique a repris sur la liste de diffusion dédiée.