Les Chroniques de l'Imaginaire

The scottish deal - Aucant, Joanna

La reine d'Ecosse a beau présenter à son fils Ace les plus beaux partis, le prince les ignore. Pas question pour lui de se marier sans amour, or son coeur ne bat que pour Rubia, une modeste employée du château qui le déteste et ne lui adresse plus la parole depuis plusieurs années. Pourtant, le temps presse : selon les règles du royaume, le prince doit accéder au trône pour ses vingt-trois ans, mais il doit impérativement être marié ou tout au mois fiancé à ce moment-là. Il ne reste que deux mois à peine.

Sans autre solution, la reine propose de sauver les apparences avec une fausse fiancée dont le prince se séparera après son couronnement. Et puisque le futur roi n'a d'yeux que pour Rubia, c'est elle qui jouera ce rôle délicat. La jeune femme a beau en vouloir au prince, elle ne peut refuser d'aider la famille royale, qui l'a accueillie avec générosité et gentillesse quand elle s'est trouvée à la rue huit ans plus tôt.

Mais si Rubia accepte de faire semblant d'être la fiancée du prince en public, pas question de lui pardonner pour autant, et encore moins de jouer la petite fille sage. C'est parti pour deux mois de folie !

Ace et Rubia ont des sentiments l'un pour l'autre, mais leur différence de statut social les a séparés. Des années plus tôt, Ace a choisi la facilité et réduit en éclats leur relation privilégiée. Elle affirme donc qu'elle le hait, mais entre l'amour et la haine le fossé est étroit, et elle-même le sait bien. Ces fausses fiançailles sont donc l'occasion de se rapprocher et de voir renaître leur amour.

Rubia est une femme très indépendante, qui n'aime pas se plier aux règles. Elle est féministe et n'aime pas plus les contraintes que la société patriarcale impose aux filles ("sois belle et tais-toi") que celles qui touchent les garçons ("sois fort et ne pleure pas"). La fiancée docile et discrète qui ne fait pas de vague, ce n'est pas elle. Elle a eu un passé difficile et a dû se montrer forte pour le surmonter, elle a manqué de l'amour qu'elle aurait dû recevoir et ne fait plus confiance aux autres. Elle aime sortir avec ses amis, n'hésite pas à parler franchement voire vulgairement, rêve de percer dans la mode et le mixage DJ. Bref, typiquement le genre de personne à contre-courant des aristocrates réservés qu'elle va être amenée à côtoyer.
De son côté, Ace a été élevé pour devenir roi. Il a appris à ne pas montrer ses émotions et à présenter au public l'image que l'on attend de lui. Il n'est pas insensible pour autant, tout au contraire, au point d'être complexé par son corps (qui est plutôt celui d'un lecteur invétéré que celui d'un sportif, mais quelle importance ?). C'est un solitaire, mais pas un asocial. D'ailleurs, son envie de goûter à une vie "normale" le pousse à se laisser facilement convaincre de faire quelques bêtises...
Malgré quelques ratés au départ (on n'oublie pas si facilement des années de ressentiment), leur alchimie est parfaite et leur duo fonctionne bien. Leur romance de la seconde chance est donc très sympa.

La tension dans le couple viendra plutôt de l'extérieur. Entre les adversaires politiques prêts à exploiter (si ce n'est provoquer) les moindres failles et les journalistes qui vont en faire leurs choux gras, difficile d'être tranquille. Sans compter les menaces anonymes ou le passé enfoui de Rubia qui refait surface. Les rebondissements s'enchaînent, rendant la situation chaque jour plus compliquée pour les deux tourtereaux.

Le hic, c'est que pas mal d'éléments ne sonnent pas très justes et il faut faire quelques efforts pour y croire. Les protagonistes ont vingt-trois ans mais aucune conscience de leurs actes : se barrer en douce pour aller se bourrer la gueule lors d'une mega teuf alors que tous les media concentrent leur attention sur eux ? Mais oui, allons-y ! Et ce n'est qu'un exemple parmi les plus softs.
Sans compter quelques incohérences dans les détails. La rencontre d'Ace et Rubia date de huit ans, mais il est parfois question de dix ans. Les fiançailles initialement prévues pour être rompues un mois après le couronnement se transforment sans que l'on sache pourquoi en une contrainte de se séparer dès la cérémonie terminée. Sans compter que cela ne gêne personne que le prince se fiance à une fille du peuple alors que les lois lui imposent d'épouser une noble.
Signalons également quelques erreurs de relecture un peu trop régulières pour ne pas être remarquées, avec des groupes de mots en double ou manquants dans certaines phrases.

Le décor écossais n'est pas exploité, hormis pour signaler les températures réfrigérantes. A peu de choses près, le récit pourrait se passer n'importe où.
Par contre, j'ai apprécié la présence des personnages secondaires, qui ont de vraies personnalités et apportent à l'intrigue une épaisseur bienvenue, en plus du suspense déjà présent.

L'un dans l'autre, les petits défauts sont largement gommés par les qualités de cette romance très plaisante à lire. Je lirais volontiers d'autres ouvrages de l'autrice.