Les Chroniques de l'Imaginaire

La fille à la robe rayée - Midwood, Ellie

En 1947, lors d'un procès de dénazification, Dahler, jeune SS, est accusé. On lui demande de témoigner sur ce qu'il a fait pendant la guerre, quel était son rôle dans le camp de concentration où il était affecté. Novak, un ancien prisonnier tchèque, a également porté plainte contre lui pour avoir mis sous son emprise Helena, une jeune Juive. Leur couple étonne, surprend, choque. Quelle est vraiment leur relation ? C'est Helena qui va raconter ce qu'elle a vécu.

En 1942, Helena, jeune femme juive est envoyée dans un camp de concentration à Auschwitz. Elle fait partie du convoi de femmes juives qui doivent être gazées dès le lendemain matin. Mais sa vie va être bouleversée par un heureux hasard. Les SS veulent offrir une fête surprise à l'un des leurs dont c'est l'anniversaire, et cherchent une femme sachant chanter. Helena n'est pas vraiment une chanteuse mais elle se débrouille. Elle est donc momentanément sauvée, le temps d'une soirée.

Le KommandoFührer Dahler, dont on fête l'anniversaire, tombe sous le charme d'Helena. Il décide de la sauver de la mort et l'affecte, elle et quelques autres jeunes femmes de son convoi, au Kanada. Le Kanada, c'est la partie du camp où sont entassés toutes les affaires des personnes déportées et gazées. Les femmes doivent les trier, selon leur nature, leur valeur, pour que les Allemands puissent les réutiliser à leur propre compte, vêtements, bijoux, argent, nourriture etc. Les prisonniers qui travaillent au Kanada sont mieux traités que dans le reste du camp. Les femmes ont le droit de garder leurs cheveux, on les laisse également garder un peu de nourriture pour elles quand elles en trouvent dans les bagages, à conditions qu'elles le fassent discrètement (et qu'elles n'oublient pas d'en donner en douce à leurs Kapos, leurs geôliers).

Malgré tout, Helena, comme toutes les femmes détenues du camp, souffre de la faim, du froid, de la violence permanente qui règne. La terreur règne, la mort est omniprésente, les coups tombent en permanence.

Entre Dahler et Helena vont peu à peu se tisser des liens étranges. Elle déteste cet homme qui tue son peuple, mais elle est bien consciente qu'elle lui doit la vie. Il a également sauvé sa sœur quand celle-ci est arrivée dans un convoi destiné au four crématoire quelques mois plus tard.

Au fil des jours, entre horreur quotidienne et morts abjectes, le jeune Autrichien et la jeune Juive vont vivre une belle histoire. Les psychiatres du tribunal sont étonnés, ils n'ont jamais eu de cas d'une prisonnière devenue complètement dépendante et amoureuse de son geôlier. Le syndrome de Stockholm n'est pas encore répertorié dans leurs dictionnaires de psychiatrie.

Ce roman est remarquablement bien écrit, les détails véridiques de l'Histoire des camps sont glaçants, on apprend énormément de choses sur l'organisation des camps, sur les conditions de survie des prisonniers. C'est parfois assez dur à lire mais cette histoire d'amour étrange (inspirée de faits réels) et ce SS qui est beaucoup plus humain que ses collègues en font un roman magnifique.