Les Chroniques de l'Imaginaire

Le dernier étage du monde - Markov, Bruno

Incroyable objectif pour Victor La place ou plutôt Victor Newman : venger son père, qui s'est suicidé face à un gamin consultant doué devant un écran, grâce aux algorithmes et ayant soif de conquérir le monde. Thriller haletant, qui nous révèle les innovateurs cachés dans leur bulles, loin de la réalité, et se jouant des comportements de nous tous, face à nos écrans.

Le dernier étage du monde est un livre des temps modernes, un monde d’algorithmes et de cabinets de conseil. Un monde sans pitié qui peut broyer les plus faibles tout en se délectant et faisant preuve d'un certain cynisme. C'est donc le but de Victor Laplace : gravir les échelons dans cette entreprise. Et pousser au suicide celui qui a détruit son père, cadre chez France Telecom. Mais attention, Victor Laplace risque de se brûler les ailes, tout n'est que stratégie et stratagèmes. Ces cabinets de conseil se cachent derrière les algorithmes, régissent nos vies sans qu'on le sache. Vos émotions, vos habitudes, vos attitudes, tout y passe, vous n'êtes que des pions qui leur rapportent de l'argent.

J'ai été choquée, par cet environnement professionnel fait juste de vent, loin de la réalité, où tout y est superficiel. Les filles les plus douées modifient leur image, les consultants mâles sont de vrais prédateurs. Sincèrement, la chute peut être grave quand on perd le jeu ! Et le choix du suicide peut être alors expliqué chez les plus faibles mentalement.

Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi ce livre, étant proche de la nature, refusant les Alexa et Siri dans ma maison, préférant les livres aux liseuses. Ce n'est pas le monde high-tech qui m'a emballé, plutôt la stratégie diabolique, et même une certaine fascination pour cet engagement de chacun dans un environnement complètement artificiel. Il faut sortir absolument son épingle du jeu, gagner sur tous les terrains et ne jamais être le dernier.

Bruno Markov est talentueux ! Son écriture nous révèle la transformation et l'entêtement du héros Victor. C'est sidérant. Petit à petit, il grignote le terrain, il arrive à ses fins, frôle le danger, reste concentré car le Victor Newman doit oublier le Victor Laplace pour atteindre son but. Je suis ravie d'avoir un peu plus compris ce monde technologique, ce business virtuel aux pieds bien chancelants.

Consultant en intelligence artificielle, Bruno Markov est fort de son expérience. Son roman nous fait prendre conscience des dangers de ces réussites fulgurantes. Le dernier étage du monde reste un titre indicateur. Toujours aller plus haut pour dépasser l'autre et gagner plus sans sentiment. Alors comment espérer un monde meilleur avec de telles entreprises et des consultants sans scrupule ?