Les Chroniques de l'Imaginaire

Capitaine Flam : L'empereur éternel - Runberg, Sylvain & Tallone, Alexis

Curtis Newton perd ses parents scientifiques, alors qu’il n’est encore qu’un bébé. Sa mère le confie alors aux deux androïdes qu’elle a créés avec son mari : le robot Crag et Mala, l’androïde synthétique qui peut changer d’apparence à volonté. Ils sont aidés par le professeur Simon qui a transféré son cerveau dans une machine alors qu’il était atteint d’une maladie incurable. Curtis grandit et une fois adulte prend la tête du Cyberlab, son vaisseau spatial.

Il est convoqué par le président Carthew qui l’envoie en mission sur Dénef, une planète où sont envoyés tous les anciens criminels afin qu’ils terminent de purger leur peine. Depuis quelques temps, des altérations génétiques affectent les humains de la planète et ceux-ci régressent quasiment jusqu’au stade préhistorique. La situation est préoccupante, c’est pourquoi Carthew souhaite que le Capitaine Flam enquête et trouve la source de ces mutations. Et si possible enraye le phénomène. Carthew affecte aussi une agente du gouvernent sur la mission : Johann Landore, qui va accompagner le capitaine et son équipe dans cette périlleuse mission.

A peine arrivés sur la planète Dénef, le Cyberlab est pris en chasse par des mercenaires et un combat sans merci s’engage. Une fois sortie de ce guêpier, l’équipe ne tarde pas à découvrir qu’une ancienne civilisation, Mégara, semble refaire surface avec à sa tête un mystérieux gourou qui se fait appeler « L’empereur Eternel ». Bien décidé à accomplir sa mission, le Capitaine Flam met tout en œuvre pour trouver comment les humains sont transformés et inverser le processus. Et surtout à qui profite cette horrible transformation ?

Après Goldorak, Albator et Saint Seya, c’est au tour du Capitaine Flam de rejoindre l’écurie des Classics de Kana. Contrairement aux précédents titres de la collection, les auteurs ont choisi de reprendre le premier arc de la série animée, et non de créer une histoire originale à partir de l’univers connu. D’après Sylvain Runberg, la raison en est simple : « à la différence d’Albator ou de Goldorak, peu de personnes se souviennent aujourd’hui des récits complexes, de l’origine, de l’univers très riche du Capitaine Flam ». Pour Alexis Tallone « L’idée était de remettre le lecteur dans le bain, dans l’ambiance et de jouer sur leurs souvenirs (…) repartir sur une base qui nous permettrait de continuer la saga si on le peut ».

On retrouve donc l’histoire originelle, imaginée à partir des romans de Capitaine Futur d’Edmond Hamilton. Et malgré les 84 ans qui sont passés depuis sa première parution aux Etats-Unis, les thèmes abordés sont toujours très actuels. En effet, on se retrouve face à un homme qui décide de prendre le pouvoir sur un peuple en se faisant passer pour une sorte de dieu, aidé en cela par la technologie qui l’aide beaucoup à duper ses fidèles. En outre, il utilise des manipulations génétiques pour faire régresser les humains au stade primitif, le tout sur une planète destinées à l’exploitation d’un peuple d’une part, et qui est l’endroit où une prison intergalactique a été construite. L’ensemble du scénario est plutôt bien construit et j’ai pris plaisir à retrouver des personnages qui ont bercé mon enfance.

Du point de vue graphisme, la mise en page est efficace et très dynamique, le dessinateur n’hésitant pas à utiliser une page entière pour une seule case afin de renforcer certains effets scénaristiques, comme la première page ou l’arrivée sur la planète Dénef. Les vaisseaux, la technologie et les décors sont très aboutis aussi et raviront les fans de space opéra. Ce qui me gêne le plus est le chara design global. Le personnage de Johann est affublée d’une frange et de cheveux raides ainsi que d’une poitrine imposante et une bouche trop large par rapport à la Johann originale et elle a souvent l’air antipathique. Quant à Mala, je trouve qu’il a perdu de sa rondeur pour trop de muscles et ça enlève le côté élastique qu’avait le personnage original. Ce que j’ai adoré, en revanche, c’est la couleur de cet album. Certaines planches sont magnifiées par une colorisation délicate tandis que d’autres deviennent inquiétantes juste à cause de la palette de couleurs employées comme la pleine page de l’Empereur sur son trône de pierre.

Avec ses 164 pages, cette BD est dans un format que j’apprécie de plus en plus. Les auteurs ont le temps de développer l’histoire sans faire de coupe dans le scénario, et je trouve que c’est très agréable à lire.

Nul doute que cette BD trouvera son public chez les nostalgiques des années 80, et elle touchera sans doute de nouveaux lecteurs qui pourront découvrir le Capitaine Flam. Mais sans la voix de Dominique Paturel pour nous le présenter au début de l’histoire.