Anna Tromedlove est une sbire intérimaire, c'est-à-dire qu'elle met ses compétences au service des méchants, ceux qui s'opposent aux Super-héros. Rien de vraiment illégal, dangereux ou immoral dans ce qu'elle fait, ses armes sont davantage des tableaux de chiffres et des bases de données que des instruments contondants ! D'ailleurs, elle déteste être sur le terrain, mais elle est à court d'argent, et sa mission présente auprès de l'Anguille Electrique lui plaît bien, ce qui explique qu'elle accepte d'être à ses côtés pendant ce qu'il lui présente comme une conférence électronique.
Malheureusement, son employeur s'est attaqué à quelqu'un de trop haut placé pour lui, qui a fait appel à Supercollisionneur, le Super-héros à la force surhumaine, à qui il a suffi de balayer Anna d'un revers de main pour pulvériser son fémur gauche et l'expédier à l'hôpital... et au chômage puisqu'elle ne sert plus à rien à l'Anguille. Réfugiée chez June, une collègue et sa seule amie, elle cherche à évaluer concrètement les dommages subis du fait du "Super-héros". Non seulement les siens mais les autres dommages collatéraux de ses actions. Et des actions de ses collègues, les autres membres du Détachement.
Son Rapport de Préjudices attire l'attention de l'ennemi juré du Supercollisionneur, Léviathan. Ce dernier lui confie une équipe pour l'aider à pourrir la vie des Héros. Elle fait ses preuves, et finalement tous se sentent prêts à affronter celui qui a été leur cible depuis le début : Supercollisionneur.
Ce roman retourne de façon fort plaisante la figure du Super-héros, en donnant la première place à ces "dommages collatéraux" laissés de côté de façon si désinvolte par lui et tout le monde, ce que montre de façon exemplaire la visite des flics et du Super-héros à l'hôpital. Comme les méchants traditionnels ne sont pas dépeints de façon beaucoup plus favorable, on ne peut pas pour autant taxer le roman de manichéisme.
L'angle de vue est celui de quelqu'une qui est douée pour faire des recherches, qui n'a pas de position morale très définie, mais qui se débat, de la position de faiblesse où elle a été placée d'office de par son genre et son absence de pouvoir évident, pour se construire une vie correcte. Peu à peu, l'autrice arrive à montrer au lecteur ou à la lectrice combien tout pouvoir est corrompu et corrupteur, combien le fait même de mettre à part des enfants au potentiel important fait du mal à ces mêmes enfants, et à l'ensemble de la société.
Les personnages sont bien construits, l'intrigue est cohérente et intéressante, et les retournements de situation apparaîtront sans doute familiers aux amateurs et amatrices de l'univers Marvel. Qu'on soit sensible ou pas à la critique sociale induite, cette histoire fait passer un très agréable moment de lecture.
