Les Chroniques de l'Imaginaire

Star Trek - Roddenberry, Gene

Tout semble sourire à James Tiberius Kirk. Promu amiral au terme de la grande mission d'exploration de cinq ans qu'il a menée à bord de l'Enterprise, il est l'un des hommes les plus célèbres et admirés de son temps. Et pourtant, il n'est pas satisfait : l'espace lui manque, il a l'impression qu'on l'a placardisé. Alors, quand un objet non identifié menace la Terre, il n'hésite pas une seule seconde à reprendre les commandes de son vaisseau bien-aimé pour mener l'enquête.

Ce roman est l'adaptation du film éponyme, sorti en 1979 sur grand écran. Il a la particularité d'avoir été écrit par Gene Roddenberry, le créateur de la série télévisée originale. Ce dernier était avant tout scénariste et producteur, ce qui se sent dans l'écriture : sans être illisible, le livre souffre d'une prose très quelconque, trop souvent focalisée sur la description d'actions sans intérêt, et d'un rythme beaucoup trop lent (quoique moins que le film dont il est tiré). On ne ressent jamais réellement la tension qu'on devrait ressentir à l'idée qu'un nuage cosmique capable d'anéantir tout sur son passage se dirige droit vers notre planète.

L'intrigue se focalise entièrement sur James T. Kirk, avec seulement quelques pages de-ci de-là qui adoptent le point de vue d'autres personnages. C'est dommage : Star Trek est une franchise dont chaque itération a toujours bénéficié d'une galerie de personnages variés et mémorables, et chaque série a eu son content d'épisodes où ce sont les relations entre ces personnages qui constituaient le cœur du scénario, plutôt que de simples histoires d'extra-terrestres ou autres découvertes spatiales. On retrouvera bien dans ce roman tous les personnages iconiques de la série originale, les Spock, McCoy, Sulu, Uhura et compagnie, mais ils sont strictement réduits à leurs fonctions et leurs caractéristiques fondamentales : Spock est coincé, McCoy est grincheux, Sulu est, euh… asiatique ? et Uhura est, euuuuh… une femme ?

L'autre inconvénient d'avoir centré le livre sur Kirk, c'est qu'il est un individu absolument horrible. Kirk n'hésite pas à considérer son ex-femme comme une « putain » parce qu'elle a le malheur de ne pas lui dire ce qu'il a envie d'entendre, il n'hésite pas à utiliser sa réputation pour évincer le nouveau capitaine de l'Enterprise, alors même que ce dernier connaît mieux les améliorations apportées à son vaisseau, et le narrateur n'a jamais l'air de considérer ça comme une mauvaise chose. Ajoutons à cela le traitement réservé aux personnages féminins (l'ex-femme de Kirk meurt dans un atroce accident de téléportation, et moins j'en dirai sur la navigatrice Ilia et mieux cela vaudra) et l'addition commence à être salée.

Bref, c'est un livre qu'il serait de bon ton de qualifier de « problématique », mais dans la mesure où il semble à peu près complètement tombé dans l'oubli aujourd'hui (sa dernière réédition française date de 1993), ce serait encore lui faire trop d'honneur. Vite lu et peu mémorable, sauf pour de mauvaises raisons, son absence de votre bibliothèque n'a rien de honteux, quand bien même vous seriez un ou une Trekkie frénétique.