Les Chroniques de l'Imaginaire

De serres et de crocs - McLaughlin, James A.

Frère et sœur inséparables, Bowman et Summer passent leur enfance en pleine nature, dans un ranch sauvage et isolé, véritable forteresse secrète dans un Colorado fictif. Ils grandissent sous la férule de leurs oncles et de leur père qui les élèvent avec la même discipline de fer que leurs aigles de chasse.

Arrivés à l’âge adulte, ils s’éloignent l’un de l’autre et choisissent des chemins différents : Summer reprend l’exploitation familiale, tandis que Bowman met les voiles et part vivre reclus dans la jungle du Costa Rica, loin de la civilisation et de son confort moderne.

Mais, vingt ans après leur séparation, ils sont rattrapés par une sombre et dangereuse histoire de succession. Ils vont non seulement devoir affronter les fantômes du passé et les affaires troubles de leur grand-père défunt, mais également être contraints de se réconcilier pour se protéger de la violence sanguinaire des cartels, qui en veulent à leur héritage.

Deuxième roman de l’auteur américain James A. McLaughlin, De serres et de crocs est une véritable plongée en piqué au cœur du Colorado. La nature, présente avec des paysages d’autant plus époustouflants qu’ils sont sublimés par une plume, et une traduction, immersives et maîtrisées, nous y apparaît dans tout ce qu’elle a de beau et de cruel à la fois. 

Plus qu’une lecture, c’est une expérience particulière où l’on flirte parfois avec les frontières du surnaturel sous forme de rêves, d’incarnations et de rites ancestraux où la magie d’un fils se voit confrontée à la paranoïa du père.

On se délecte des références parsemées à Faulkner, James Oliver Curwood ou encore Jack London ainsi que des liens forts, fraternels et solidaires, établis pour survivre à l’approche dominatrice, mais aimante, bien que parfois franchement folle, de leur père en matière d’éducation ! 

Mais au-delà d’un récit de nature writing, c’est avant tout un thriller patiemment construit à l’aide de flashbacks venus éclaircir l’histoire familiale et impulser une bonne dose d’adrénaline dans cette chasse à l’homme qui s’étale sur plusieurs générations et perd quelque fois en rythme. 

Et comme pour tout, il faut de l’indulgence pour outrepasser certaines zones floues (l’appât du gain en trame de fond) et de la patience pour mériter les trésors que recèle la rudesse des grands espaces de l’Ouest américain !