Les Chroniques de l'Imaginaire

La porte des Orients perdus - Gouiran, Maurice

Clovis Narigou, ancien journaliste recyclé en berger de chèvres, aime bien son ami Luc, vraiment. Mais ce dernier est porté à exagérer ce qui lui arrive, et quand il demande à Clovis de venir dare-dare le retrouver à l'Estaque, Clovis lui propose de plutôt faire l'inverse. Mais Luc n'arrive jamais.

Clovis apprend le lendemain que son ami s'est tué sur la route. Bien que pétri de remords et de curiosité, Clovis aurait peut-être quand même lâché l'affaire, si les autres hommes présents lors du déballage de la fameuse caisse dont Luc lui a à peine parlé au téléphone n'étaient pas tous également morts ou disparus.

Avec l'aide de son pote flic à la PJ, Raf, Clovis va remonter la piste du disparu, puis de l'occupant de la caisse, et s'engager ainsi dans un road-movie dans l'espace et dans le temps. Car Bébert de la Belle-de-mai a vécu une vie passionnante et rencontré des personnages fascinants.

Ce roman au parfum de garrigue surchauffée est aussi gouleyant que le "jaune" que boivent à tout heure ses personnages. L'histoire raconte en parallèle l'enquête de Clovis et celle de Bébert, cette dernière d'autant plus intéressante que l'auteur lui fait croiser un ex-poète à Harrar, et un peintre en fin de vie à Tahiti, cette dernière rencontre étant un élément crucial de l'enquête.

Les personnages secondaires, tant marseillais que tunisiens ou tahitiens, sont bien campés, d'une plume tendre et amusée. Ils permettent de rappeler des faits historiques réels sans ennuyer le lecteur, et c'est l'une des qualités de ce roman qui ne se prend pas au sérieux, mais qui est bien plaisant à lire pour qui recherche une enquête où plane l'ombre du Marius de Marcel Pagnol. C'est le premier roman que je lis de cet auteur, mais je chercherai sans doute ses autres publications.