Un homme se réveille au bout d'un cauchemar, un songe qui le place dans le corps et l'esprit de son obsession, Edgar Allan Poe.
Cet homme est William Blessing, un écrivain à succès dans le genre de la terreur et propriétaire de la plus grande collection d'ouvrages et d'objets en lien avec son illustre voisin de Baltimore. Blessing est doué, est riche et a réussi.
Ce qui n'est pas encore le cas de Donald Marquette qui vient le rencontrer pour obtenir un poste d'assistant documentaire et faire ses preuves devant le grand maître.
Marquette est jeune et a de l'ambition. Il se verrait bien à la tête de la collection Blessing... et dans les bras de sa charmante épouse.
Ce que dit le corbeau est une adaptation en roman du comicbook The crow de James O'Barr et du film du même nom (le fameux avec Brandon Lee), ce qui peut paraître plutôt surprenant. Ce n'est pas, habituellement, dans ce sens-là que cela se passe, hormis pour proposer des histoires résumées aux enfants - ce que ce bouquin n'est pas.
C'est une histoire à part entière, pouvant être lue sans faire le lien ou sans connaître les deux précédents formats.
David Bischoff place son récit dans les vieilles rues et demeures de la ville de Baltimore sur la côte Est américaine, en insistant fort sur l'aspect sombre et gothique de l'ensemble, personnages compris. Au bout de quelques dizaines de pages demandant un certain effort pour se lancer dans le roman, l'avidité croissante de Marquette envers Blessing, la maison et le travail fictionnel d'écrivain donnent une atmosphère plutôt bien. Pareillement, la présentation de l'œuvre de Poe (avec quelques lignes de texte en ouverture de chaque chapitre) est culturellement intéressante.
Mais en général, quand il faut plusieurs dizaines de pages pour rentrer dans une histoire, c'est que quelque chose ne prend pas. Il y a un manque de lien entre les éléments épars du récit et, surtout, une impression de surplace. Bischoff se perd. Il faut attendre longtemps avant que le déclencheur (attendu) ne fasse son effet et ce n'est pas juste que Bischoff prend son temps pour construire l'ambiance. On tourne en rond. Par ailleurs, le groupe de gothiques qui traine autour de Marquette et qui devrait être un élément majeur dans cette construction m'a laissé perplexe tout du long. Ils semblent plus s'être échappés d'un cirque cocaïné que d'une romance ténébreuse de Poe.
Enfin, si la traduction française est bien effectuée, il y a une bizarrerie : pourquoi avoir traduit le nom des équipes de sport ? L'effet est comique pour qui s'y connaît en sport US.
Ce que dit le corbeau ne m'a pas convaincu. Il y a un paquet de bonnes idées mais pas placées aux bons endroits et avec un souci de liaison. Cela se laisse lire (ce qui n'est pas franchement une conclusion positive) mais ne donne pas envie de se plonger dans Poe. J'ai plutôt eu envie de rouvrir des romans d'Anne Rice pour avoir un aperçu d'une bonne ambiance gothique.