DGA EV, quésaco ? Tout simplement le centre d'Essais en Vol de la Direction Générale de l'Armement. En pratique, il s'agit de l'administration en charge du test et de l'amélioration des aéronefs, de leurs systèmes d'armes et de leurs équipements, qu'ils soient militaires ou civils. Ces tests aux limites nécessitent un savoir-faire remarquable et une préparation minutieuse, ils mettent en avant l'excellence de l'aéronautique française.
A l'occasion des quatre-vingt ans de ce qui s'est débord appelé CEV (Centre d'Essais en Vol), le label Zéphyr des éditions Dupuis - spécialisé dans les ouvrages sur l'aéronautique - nous propose ce beau livre pour célébrer comme il se doit ce bel anniversaire. Les très nombreuses photos sont l'œuvre du photographe spécialisé Alexandre Paringaux, tandis que les textes sont signés par le journaliste Frédéric Lert, également spécialisé dans les questions tournant autour de l'aéronautique et la défense.
Le sommaire aborde divers sujets. D'ailleurs, les titres du sommaire ne correspondent pas réellement aux titres des différentes parties plus loin dans l'ouvrage, c'est un peu étrange !
Dans une première partie, on découvre l'historique du centre. Le CEV est créé en 1944 initialement à Brétigny, à partir des cendres des organismes d'avant guerre tels que la Section d'Essais en Vol (à Villacoublay) puis le Centre d'Essais des Matériels Aériens (à Villacoublay également). Au fil du temps, les installations ont évolué et DGA EV est actuellement implanté sur le centre d'Istres dans les Bouches-du-Rhône et la base de Cazaux en Gironde.
Le livre met ensuite en avant les différents métiers et savoir-faire indispensables aux programmes du centre, qui emploie près de 930 personnes : des pilotes d'essais et mécaniciens, mais également des parachutistes, des contrôleurs aériens et d'une manière générale toute une panoplie d'ingénieurs, techniciens et ouvriers tous indispensables au fonctionnement du centre.
Une troisième partie s'intéresse aux différents appareils de la flotte aéronautique de DGA EV, qu'il s'agisse d'avions de combat ou de transport, ou encore d'hélicoptères. Des Mirage au Rafale, des Mystère 20 au Fokker 100, des Puma aux Super Puma, mais sans oublier les tâcherons plus humbles mais tout aussi utiles !
Nous entrons ensuite dans le monde de la simulation, qui permet d'optimiser les essais et de réduire les cycles de développement. Les simulateurs modernes les plus évolués offrent un univers immersif, mais même les plus simples restent des outils indispensables.
La simulation n'étant qu'un préalable, la partie suivante nous propose de regarder plus en détail les essais en vol. Cette partie est d'autant plus intéressante que la parole est donnée aux acteurs de ces essais : pilotes, ingénieur navigant, parachutiste...
DGA EV essaie les aéronefs et les équipements, mais également les armements. C'est le sujet de la partie suivante, qui nous décrit tout le processus effectué au profit des armées et des industriels français (ou même étrangers).
On l'a vu, DGA EV emploie un personnel hautement qualifié. Mais d'où sort-il ? De l'EPNER, l'Ecole du Personnel Navigant d'Essais et de Réception. Crée en 1946, cette institution de très haut niveau est l'une des quatre uniques écoles de ce genre dans le monde occidental. Les promotions sont réduites, mais suivent une formation d'excellence toujours à la pointe de la modernité.
Enfin, la dernière partie du livre est une porte ouverte sur l'avenir. DGA EV est en recherche d'innovation permanente, qu'il s'agisse de drones, d'Intelligence Artificielle ou même d'aviation verte, le tout sans jamais oublier la priorité ultime : la sécurité des activités.
Physiquement, l'ouvrage se présente sous la forme d'un livre de près de cent-soixante pages, avec un format à l'italienne. La couverture rigide et les pages en papier glacé en font un ouvrage de qualité qui présente très bien.
Le livre est abondamment illustré, chaque double page comprenant environ une demi-page de texte tandis que le reste est réservé aux nombreuses photographies, souvent une ou deux grandes photos spectaculaires et une floppée de petites. Chaque photo est légendée pour de plus amples explications, mais j'avoue avoir trouvé la police de ces légendes trop petite pour moi et avoir vite renoncé à écarquiller les yeux pour profiter de ces explications pourtant pertinentes.
Le texte donne énormément d'informations, c'est un peu lourd. La structure en petits chapitres d'une ou deux pages, ou un chouia plus pour les plus longs, permet de l'absorber à petite dose, en y revenant à plusieurs fois pour éviter l'indigestion que causerait une lecture d'une traite. La néophyte que je suis a parfois été un peu noyée sous les successions de sigles, noms propres, mots techniques, d'autant que les informations données ne sont pas répétées. Nul doute qu'un lecteur avec quelques notions de base en aéronautique y trouvera plus son compte. Il n'empêche que ce livre fourmille d'informations intéressantes. Les amateurs y trouveront un bel ouvrage de référence !