Les Chroniques de l'Imaginaire

Burning Sky - Przybylski, Stéphane

En 1852, à Hambourg, Ferenc von Richter et Inger Aarensen sont trop jeunes et timides pour s'avouer qu'ils sont amoureux l'un de l'autre, d'autant que la jeune fille appartient à une riche famille d'armateurs, sur le point de déménager sur le nouveau continent. Ferenc est attristé par ce départ, qui va le faire se concentrer sans plus de distraction sur ses rêves de vaisseau aérien.

Dix ans plus tard, fringant jeune officier observateur pour son souverain de la guerre fratricide américaine, il rencontre un shaman Hunkpapa, Mahpiya Ilé, prêt à tout pour protéger son peuple de la colonisation en marche, et un ingénieur russe qui a des connaissances pouvant l'aider à réaliser ses vieux rêves. Leur route va croiser celle de Morleau et ses comparses, anciens légionnaires français rescapés de la désastreuse défaite française de Camaron, tous anciens mineurs.

Ferenc et ses compagnons sont convaincus de la menace que représentent les Blancs pour l'avenir des peuples autochtones et leur mode de vie. Les deux camps présentement engagés dans une guerre consommatrice d'hommes et de ressources ne sont pas différents quant à leur projet d'expansion sur le continent. Mais un vaisseau aérien pourrait changer la donne...

L'auteur de ce roman met bien en scène la façon dont la guerre de Sécession américaine a été la première guerre moderne, avec ses avancées technologiques sur terre et sur mer. Le fait est qu'il n'y a guère manqué (si l'on ose écrire !) que l'aviation pour préfigurer davantage encore les guerres du XXe siècle tel que nous l'avons connu. Le point de départ de son uchronie est donc l'utilisation de l'arme aérienne afin de rééquilibrer les avantages des deux belligérants à un moment où le Sud est en train de perdre la guerre. L'idée à moyen et long terme n'est pas de favoriser les esclavagistes, mais de perpétuer la division des Blancs.

C'est un point de départ intéressant, et les qualités d'historien de Przybylski rendent cette déviation crédible, même si on voit à peine le résultat des changements apportés à la fois au déroulement de la guerre de Sécession et à l'histoire du Mexique. Tel qu'il est, c'est un roman d'aventures qu'un Jules Verne n'aurait sans doute pas renié, avec ses longues descriptions techniques et ses personnages hauts en couleur dépeints à gros traits. Le rythme est trépidant et les pages se tournent toutes seules. La quasi-absence de personnages féminins, et le caractère stéréotypique de celles qui y figurent, évoquent également les romans du XIXe siècle.

Toutefois, pour un lecteur à la recherche d'une lecture de distraction intelligente, ou amateur d'uchronie bien mise en scène et documentée, cette histoire sera sans nul doute captivante.