Les Chroniques de l'Imaginaire

Les carnets de l'apothicaire (Les carnets de l'apothicaire - 1) - Hyuuga, Natsu

Mao Mao n'aurait jamais du se retrouver servante au palais impérial. Marchant sur les traces de son père adoptif, l'adolescente de dix-sept ans est une apothicaire efficace, toujours curieuse de nouveaux apprentissages. Hélas, elle a été enlevée alors qu'elle cueillait des herbes en forêt, puis vendue au hougong, la cour intérieure du palais impérial, où résident les nombreuses concubines de l'empereur et leurs serviteurs.

Dans l'espoir d'éviter d'attirer l'attention et ainsi être libérée au bout de quelques années, Mao Mao préfère faire profil bas et cacher qu'elle sait lire et écrire, sans parler de ses compétences concernant les remèdes et poisons.
Chassez le naturel, il revient au galop ! En apprenant que les deux nouveau-nés de l'empereur sont malades, Mao Mao ne peut s'empêcher d'aller fourrer son nez à proximité, puis de laisser un message anonyme aux mères pour leur indiquer comment sauver leurs enfants.

Mao Mao pensait avoir agi astucieusement, mais elle n'est pas la seule à être perspicace et elle est démasquée par Jinshi, l'intendant du hougong. Le jeune homme est eunuque, mais il est également d'une séduction renversante et a l'habitude d'utiliser sa beauté à son avantage. Fasciné par la jeune apothicaire si maline qui semble immunisée conte son charme ravageur, Jinshi fait régulièrement appel à elle...

Les lecteurs français ont découvert Les carnets de l'apothicaire en 2021 avec la première adaptation en mangas, éditée chez nous par Ki-oon. Une deuxième adaptation existe également, éditée par Mana Books depuis 2023. Ici, il s'agit cependant de la série qui leur a donné naissance, les lights novels écrits par Natsu Hyuuga et publiés sous forme de feuilleton au Japon depuis 2011. On ressent d'ailleurs l'impact de cette publication initiale en feuilletons dans la forme du roman, avec des péripéties qui se suivent de manière bien distincte.

Le liant entre toutes ces aventures est cependant omniprésent. Au fil des mois, la vie de la jeune apothicaire va beaucoup changer au gré de ses nouvelles rencontres et de ses changements de situation. Ce contexte qui forme la trame de fond des mini-enquêtes fait tout le charme de cette série addictive.
Si l'empire dans lequel évolue l'héroïne n'est jamais nommé, il est clairement inspiré de la Chine impériale de la dynastie Tang (du VIIème au IXème siècle). L'action prend place principalement à la cour du palais impérial, qui abrite des milliers de personnes et a tout d'une ville dans la ville, coupée du monde par de hauts murs. Cependant on accompagne parfois Mao Mao auprès des siens dans la capitale impériale : elle passe alors allègrement des bas-fonds où vit son père adoptif aux fastes des luxueuses palais où travaillent les courtisanes du quartier des plaisirs. Les explications savamment distillées apportent une belle richesse à l'histoire.

On trouve au fil des pages une poignée de dessins pleine page en noir et blanc plutôt bienvenus, mais on se régale surtout avec le recueil d'illustrations en couleur présentes en fin d'ouvrage : absolument magnifique !

J'étais déjà fan de l'adaptation en mangas, me voilà fan des romans. J'adore notamment voir évoluer les relations entre la récalcitrante Mao Mao et le mystérieux Jinshi, la première n'appréciant guère le second mais ne pouvant se permettre de le mécontenter, tandis que lui ne peut s'empêcher de lui tourner autour. Non-dits et quiproquos jalonnent leur relation haute en couleurs, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Je conseille le roman aussi bien à ceux qui sont déjà lecteurs du manga qu'à ceux qui ne le connaissent pas, je suis sûre que tous y trouveront leur compte !