Les Chroniques de l'Imaginaire

De l'or pour les bleus (Les Tuniques Bleues - 68) - Neidhardt, Fred & Lambil, Willy

Soixante-huitième tome des Tuniques bleues : l'aventure ne se tarit pas ! Après le décès de Raoul Cauvin, disparu en 2021, c'est au tour de Fred Neidhardt d'essayer de le remplacer après d'autres tentatives depuis trois ans. Son but : continuer de nous décrire la vie de deux soldats de l'Union, le Caporal Blutch et le Sergent Chesterfield, sur fond de guerre de Sécession. C'est réussi !

Nos deux compères sont témoins d'une attaque de malfrats sur des soldats sudistes. Ils assistent à leur massacre. Par respect, Chesterfield promet à un de ces soldats, qui est sur le point de mourir, de remettre à sa fiancée sa médaille militaire. De là, se déroule l'histoire de ce nouvel album avec des personnages encore une fois invraisemblables : des soldats confédérés, les sudistes, et des soldats de l'union soumis ou fils à papa Lee, un pasteur plus que douteux, un pasteur crapuleux, et enfin un trésor pour sauver son camp et pourquoi pas l'Amérique.

Tout oppose nos soldats héroïques. L'un est vaillant, l'autre est pleutre et souhaite en finir avec la guerre au plus vite. Ils se détestent, mais c'est là tout leur charme car au final, ils ne vivraient pas l'un sans l'autre.Blutch et Chesterfield excellent, ils s'insultent, ils jouent la comédie, ils sont courageux, et défendent chacun leurs convictions même si tout peut partir à vau-l'eau à tout moment. Et on peut dire qu'ils frôlent la catastrophe.

Les dessins de Willy Lambil n'ont rien perdu de leur superbe après plus de soixante albums. Les personnages sont toujours charismatiques. Rien n'est laissé au hasard même à l'arrière plan. Le rituel veut qu'un personnage connu apparaisse dans cette aventure, ce sera le fils du général Lee : le Caporal Robert E. Lee Jr. Ce dernier est bien le fils de son père !

Au passage, quelques remarques qui feront sensation au sein d'une guerre, avec quelques allusions antimilitaristes comme : « Il faudra m’expliquer […] la différence entre guerre et assassinat de masse ». L’abolitionnisme est aussi présent via la personne de Jones, le serviteur du fils du général Lee. Sans oublier l’hypocrisie des guerres car il est toujours plus facile de décider quand on est loin des champs de bataille et surtout au détriment de tous les soldats qu'ils soient du Nord ou du Sud.

Bref, il est bon de retourner au fin fond du Colorado pour suivre les nouvelles péripéties de nos valeureux soldats si célèbres. L'histoire n'a pas de temps mort, cette bande dessinée se lit d'une traite. Plein de bonnes surprises au cours du scénario bien étoffé de Fred Neidhardt. La lignée de cette saga culte peut continuer, je serai présente pour les lire et les relire.