Les Chroniques de l'Imaginaire

Le roi est nu - Falcone, Matthieu

Peu avant la fin de son second mandat, le président a une idée géniale : offrir de "sacrifier" sa vie à son pays en proposant de devenir roi ! Ainsi, il assurera la stabilité dont il est sûr que le peuple français a besoin. Et son pari semble fonctionner, puisque le référendum lui accorde effectivement la royauté. Certes, les autres pays sont dubitatifs. Surtout, cet agitateur d'El Modjo éructe sur YouTube, mais il est toujours facile de faire taire les mécontents quand on est au pouvoir.

Antoine Denoncourt n'est pas un écrivain très connu, davantage porté sur l'alcool et la bagatelle que sur l'écriture, mais il a un grand nombre de contact dans les milieux mouvants de la droite monarchiste. C'est pourquoi son ancien condisciple Philippe, l'éminence grise de Michel, le contacte pour lui demander un échange de bons procédés, et qu'il est envoyé à Marseille pour informer la jeune Floriane Martelli sur les différentes formes du royalisme.

Roman d'anticipation ? Fable politique ? Caricature du milieu politique parisien ? Le roi est nu est un peu tout cela. "Anticipation" puisqu'il se déroule en 2027. "Fable politique" parce que l'auteur imagine un futur politique possible - si farfelu qu'il puisse paraître de prime abord -, et les réactions qu'il serait susceptible de déclencher, tout en déroulant des réflexions sur les différentes théories monarchistes. Enfin "caricature" - du moins on l'espère ! - qui montre ce qu'on peut facilement imaginer comme les jeunes loups de la "start-up nation" dans une soirée entre eux.

C'est intéressant sur le fond, malgré l'absence quasi-totale de représentation des idées de gauche, il y a de magnifiques descriptions de la campagne, surtout provençale, et l'action est suffisamment soutenue pour tenir le lecteur en haleine. J'ai eu plus de mal avec les personnages, du caricatural El Modjo au Grigory-girouette en pensant par un Denoncourt totalement incrédible en Ravaillac. La seule exception à mon agacement concerne Michel, dont l'auteur a rendu à merveille le charisme construit sur un vide abyssal et par là-même fascinant.

En somme, un roman qui n'est pas sans défaut, mais a au moins le mérite de faire réfléchir, et qu'il est recommandable de lire dans les trente mois qui viennent.