Tomás Nevinson travaille à l'ambassade de Grande Bretagne à Madrid. En apparence tranquille, Tomás est un ancien Agent des services de renseignements britanniques à la retraite depuis quelques années. Sa particularité est d'être moitié espagnol et moitié anglais, et de maîtriser à la perfection ces deux langues. Pendant des années, il a infiltré les milieux liés à l'Irish Republic Army, ce qui lui a valu à un moment d'être déclaré mort et mis au vert quelque part en Angleterre pour éviter des représailles. Même sa femme Berta, qui connaissait ses activités, pensait qu'il était vraiment mort.
Depuis son retour officiel parmi les vivants, il a retrouvé sa vie à Madrid et tente tant bien que mal de retrouver, avec sa femme et ses deux enfants, un semblant de vie de famille. Mais son ancien patron le recontacte pour participer à une opération dans le nord de l'Espagne.
Il s'agirait pour lui de s'infiltrer dans la vie d'une petite ville de province pour tenter de démasquer une ancienne membre de l'IRA qui aurait participé à des attentats sanglants des indépendantistes basques de l'ETA. Trois femmes sont suspectées d'être cette terroriste mais Tomás hésite : a-t-il encore envie de cette vie de faux-semblants, de disparaître encore pour sa femme ? Mais le sentiment d'être inutile et l'ennui de sa vie professionnelle vont le lancer sur les traces de cette femme plus que pour la notion de justice et de vengeance.
Je me suis lancé dans cette lecture plein d'enthousiasme pour cette histoire et cet auteur que je ne connaissais pas. Mais au bout d'une centaine de pages, les premiers bâillements sont apparus à cause des trop nombreuses digressions de l'auteur. Et cela ne cessa pas tout au long des sept-cent-quarante-cinq pages interminables. Alors certes l'écriture est belle, Javier Marias est un érudit multipliant les citations littéraires mais il m'a profondément ennuyé. J'ai eu l'impression de me retrouver face au texte d'un écrivain qui aime se regarder écrire et se relire. Que d'échanges interminables entre Tomás et Tupra son supérieur, qui ne font pas décoller l'intrigue et la laissent dans ce rythme lent qui m'a anesthésié sans espoir de retour miraculeux à la vie.
Les réflexions de Tomás sur le sens de sa mission, sur ce qu'il devra faire lorsqu'il aura démasqué cette femme et sur le sens de la justice sont intéressantes mais noyées elles aussi dans un flot de mots et de digressions encore.
Ce qui a maintenu mon attention, c'était de savoir laquelle était la terroriste qui se cachait depuis toutes ces années parmi les habitants de cette petite ville bien tranquille. Les références aux attentats de l'ETA, à ces années terribles qui ont marqué l'Espagne et les Espagnols, à tous ces morts civils, policiers et militaires ont aussi éveillé mon intérêt. Le côté historique de ce roman, les évènements tragiques relatés révèlent l'immense travail de documentation qu'a dû fournir l'auteur.
Si ce sujet vous intéresse, la série télévisée Patria est bien plus captivante et tout aussi instructive pour retranscrire l'ambiance sombre et tragique de l'Espagne à cette époque.
