Les Chroniques de l'Imaginaire

Vent Rouge - Quentin, Emmanuel

Satia Layre, Investigatrice de l'Ordocratie, est envoyée sur Sophis, une planète nouvellement colonisée sur laquelle on a implanté un site d'extraction de gaz. Un artefact inconnu, indétectable par la technologie pourtant fort avancée de l'Ordocratie, a été découvert enfoui dans le sol, perturbant tant les travaux que les travailleurs. Un haut gradé sera chargé de l'enquête, tandis que Satia éliminera les déviants qui réfutent la doctrine et menacent le régime.

Quand Satia se réveille sur Sophis après son transfert, rien ne correspond à ce qu'elle attendait. Les Ordocrates ont disparu depuis plusieurs générations, ne laissant que le souvenir d'Oppresseurs impitoyables. Les esclaves clonés qu'ils ont laissés derrière eux ont donné naissance à une nouvelle société, qui évite soigneusement les zones dangereuses où les Oppresseurs étaient implantés.

Et puis, il y a le Vent Rouge. Un phénomène si critique que toute la société s'est développée autour. A chaque passage du Vent Rouge, les gens échangent un souvenir avec la personne la plus proche. Des Garants veillent à ce que les souvenirs soient ensuite répertoriés et restitués, mais il ne s'agit que d'un pis-aller, le vrai souvenir est perdu pour son possesseur initial. De quoi sérieusement ébranler la santé mentale des plus âgés, au fil des souvenirs échangés encore et encore.

Satia n'a que faire de tout ça. Elle est une Ordocrate, bien supérieure à tous les sauvages pouilleux de cette planète puante. Implacable, elle compte bien accomplir sa mission et lever le mystère qui entoure son arrivée retardée.

Vent Rouge nous fait découvrir un univers original. A priori, les deux planètes évoquées, Madrigal et Sophis, sont à l'opposé l'une de l'autre. Magridal est le siège de l'Ordocratie, l'endroit où celle-ci s'est installée après avoir quitté la Vieille Terre, disposant d'une technologie extrêmement avancée. Les Ordocrates sont hyperconnectés, leur peau est parcourue de circuits qui les observent et les régulent, leurs émotions sont partagées avec leurs compatriotes aussi la règle est-elle de n'en avoir aucune pour ne pas se faire remarquer. Tel est le prix de la stabilité et l'harmonie de leur société. A l'inverse, Sophis est peuplée d'humains Non-modifiés, des Nomods. Leurs villages sont des lieux bouillonnants de vie. Pourtant, leur liberté individuelle est également bridée : s'ils n'ont pas à contrôler en permanence leurs émotions, ils doivent cependant veiller à ne pas commettre de mauvaises actions, même minimes, de peur que leurs agissements ne soient révélés à l'occasion du prochain passage du Vent Rouge. Sans compter que leur planète est dangereuse et qu'il faut impérativement rester dans les villages pour être en sécurité. Une existence tout aussi frustrante, donc, que l'on découvre peu à peu au fil des pages.

J'ai bien aimé les échanges de souvenirs, et aussi le fait que l'importance du Vent Rouge influe jusque dans la manière dont les habitants de Sophis comptent le temps : souffle (heure), brise (jour)... mais surtout les bourrasques, durée qui représente le laps de temps - variable - entre deux passages du Vent Rouge !

Le point de vue varie à chaque chapitre, suivant tantôt Satia, tantôt Anat (un enfant qui a eu le malheur de s'aventurer en zone interdite) ou sa tutrice Marwa, ou encore Djimil (jeune Garant dépassé par les événements). Cela donne un peu de dynamisme à un récit qui, il faut l'avouer, manque un peu de rythme. Certes, il y a des rebondissements et des moments d'action, mais dans l'ensemble le récit avance très lentement. Cela m'a empêchée de rentrer réellement dans le récit, au point que quand on reçoit enfin toutes les explications à la fin du livre, je ne les attendais pas plus impatiemment que ça.

Au final, c'est un roman bien écrit avec une idée de base séduisante, mais que je n'ai pas trouvé très prenant.