Les Chroniques de l'Imaginaire

The Sword of Kaigen - Wang, M.L.

"L’Épée de Kaigen : l’attaquer, c’est mourir."

Mamoru est un Matsuda, fier de son héritage familial. En effet, depuis des temps lointains, les guerriers de la péninsule de Kusanagi sont l'élite des combattants de l'Empire de Kaigen, la défense infranchissable qui protège l'archipel des envahisseurs ranganais. Ils sont connus comme l'Epée de Kaigen et réputés invincibles. Parmi eux, la maison Matsuda est l'une des plus renommées : ses hommes sont parmi les plus forts, les plus rapides mais également les plus doués pour manier la magie élémentaire, leur spécialité étant le contrôle de l'eau. A quatorze ans, Mamoru ne maîtrise pas encore la technique secrète de sa lignée familiale, la Lame Chuchotante (des lames de glace imparables), mais il est déjà un combattant exceptionnel. Son seul rêve est de mourir avec honneur l'épée à la main.

Ailleurs sur la planète Duna, on trouve des appareils d'info-com reliés à des satellites, des avions ou encore des trains à suspension magnétique. Mais le mode de vie de Kusanagi reste pour sa part très traditionnel : les hommes apprennent à se battre au sabre, les femmes restent docilement au foyer, il n'y a ni hôpital moderne ni même de téléphone. L'Empire a besoin que l'Epée de Kaigen continue à servir de tampon avec Ranga, ou pour le dire clairement de chair à canon, et la propagande qu'il met en oeuvre est si efficace que les habitants de Kusanagi sont profondément endoctrinés sans s'en rendre compte, la plupart d'entre eux n'ayant jamais quitté leur région natale.

L'arrivée dans son village d'un nouveau camarade de classe qui a vu du pays ébranle les certitudes de Mamoru. D'abord incrédule, il comprend qu'il a vécu jusque-là avec des oeillères. Mais est-il encore temps de s'émanciper alors que des "tempêtes" venues de Ranga ravagent l'Empire ?

La plongée dans ce roman est de prime abord déroutante. On pense d'abord être dans un cadre de type japonais médiéval, avec une société féodale qui encense les qualités guerrières, avant de découvrir qu'il n'en est rien et que seule la péninsule de Kusanagi est maintenue dans cet état d'arrière-garde par un Empereur tyrannique qui ne considère ses sujets que comme des pions et les utilise à son avantage. On a donc un contraste entre les habitants de Kusanagi à l'esprit inévitablement étroit, et ceux qui ont voyagé ailleurs, ont vécu d'autres expériences dans un monde moderne, mais dont les propos sont ignorés.
On suit tout cela principalement à travers le personnage de Mamoru, jeune garçon bouleversé par la découverte de la vérité et qui ne sait plus quel chemin suivre, mais également sa mère Mitsuki, une femme qui était dans sa jeunesse une combattante farouche qui a étudié au loin, mais qui a dû tout mettre ente parenthèses pour se conformer aux attentes de son mari, qui attend d'elle qu'elle se taise et lui donne des enfants, sans voir au-delà des apparences.

C'est un roman au rythme lent. Si certains combats s'éternisent, la plupart du temps on est plus dans la psychologie des personnages que dans l'action. Du coup, même si l'écriture est belle et si on apprécie la profondeur des personnages, leur évolution au fil du temps et des évenements, ce pavé de sept-cent pages reste tout de même un peu dur à avaler. J'aurais largement plus apprécié si le texte avait été raccourci de moitié, je pense. C'est dommage car les émotions sont bien là, quand on découvre les épreuves que les personnages affrontent ou ont affrontées par le passé.

Le fait qu'il ne s'agisse pas de la Terre mais d'une autre planète permet à l'auteur d'introduire des dieux et de la magie. C'est un plaisir de voir les protagonistes utiliser leurs pouvoirs au quotidien, qu'il s'agisse de peccadilles comme glacer de l'eau ou allumer un feu ou au contraire de prodiges qui vont complètement changer la manière de combattre.

Revers de la médaille, pléthore de vocabulaire spécifique. L'ouvrage commence par une page détaillant les différents pouvoirs élémentaires des théonites et sous-théonites et la liste des kafonu : Dur à avaler de prime abord, on est déjà perdus rien qu'avec ça ! Il y a également un glossaire en fin d'ouvrage, ce qui est louable. Mais aucun effort dans le texte pour introduire les termes spéciaux et les assimiler petit à petit. Comme c'est très lourd de se référer au glossaire sans arrêt, on s'en passe et on fait avec, du coup on ne comprend pas tout...

Au final, j'ai donc un avis mitigé. J'ai adoré l'univers, l'histoire, les personnages, mais je n'ai pas apprécié les longueurs et le vocabulaire difficile à assimiler.