Les Chroniques de l'Imaginaire

Kalmann - Schmidt, Joachim B.

Raufarhöfn est une localité bien réelle située au Nord-Est de l’Islande, tout proche du cercle polaire arctique. Dans notre histoire, le village décline lentement mais sûrement depuis que des quotas de pêche ont été imposés. 

Alors qu’autrefois on se pressait même depuis Reykjavik, pourtant à des centaines de kilomètres, pour jouir de la prospérité du commerce des harengs, aujourd’hui le petit port semble être à l’abandon.

Dans ses rues désolées, Kalmann Óðinsson, la trentaine, déambule, paré de son étoile et de son chapeau de shérif tout en portant fièrement à sa ceinture le mauser légué par son père, un ancien militaire américain qu’il n’a jamais connu. 

Un matin, parti à la chasse au renard à fourrure bleue, il tombe sur du sang, beaucoup de sang. Brillant, rouge et sombre. Contrastant totalement dans la neige pure et blanche. D’où provient-il ? D’un accident ou d’un meurtre ? À qui appartient-il ? Animal ou humain ?

Des questions qui vont chambouler le quotidien de Kalmann, petit pêcheur de requin émérite apprécié de tous et considéré comme un gentil simple d’esprit, qui se retrouve bien malgré lui sur le devant de la scène en tant que témoin principal. Une situation dont notre candide se serait bien passé, d’autant que depuis quelques jours, la disparition de Róbert McKenzie, l’homme le plus riche du village, ne cesse d’alimenter les rumeurs et les inquiétudes…

Un roman noir plus farfelu que je ne l’aurais imaginé au départ entre la couverture et le résumé. Je m’attendais davantage à une enquête policière à la Arnaldur Indriðason plutôt qu’à une intrigue disons assez marginale dans le choix des personnages et de la narration.

Le rythme est assez disparate, majoritairement lent quoique ça peut correspondre à ce que j’attendais comme cadre et comme ambiance. On est plutôt concentré sur le microcosme social de ce petit bourg, avec ses habitants et les galères qu’ils rencontrent suite au déclin économique de cette région reculée.

J’ai bien aimé les descriptions dépaysantes avec une faune variée (perdrix des neiges, renards, requins et même un ours polaire, plutôt rare en Islande mais quand même présent et dangereux) et une flore inégalable dans cette région du monde. En revanche, j’ai eu plus de mal à m’intéresser à celles ayant trait aux usages du quotidien qui tournent en rond et deviennent à la longue assez lassantes et ennuyeuses.

C’est un ressenti personnel mitigé avec l’impression d’être passée à côté de ma lecture. Le choix d’écrire le récit à la première personne ne m’a pas facilité la tâche et je n’ai pas réussi à m’identifier au point de vue du héros, ni même à m’accrocher à l’évolution de l’intrigue. La simplicité d’esprit du personnage et son humour décalé auraient pu lui donner un caractère attachant mais, sans réelle profondeur dans les relations et les échanges, on peine à tourner les pages de ce premier tome.