Les Chroniques de l'Imaginaire

H.P. Lovecraft (Metal Hurlant - 12)

Pour ce numéro, c’est Lovecraft qui est à l’honneur. Des artistes du monde entier lui rendent hommage en illustrant, chacun à leur façon, une histoire de leur cru. Soit à la façon de Lovecraft, soit en parodie, avec de l’humour ou de l’horreur cosmique, il y en a pour tous les goûts.

Un excellent numéro que j’ai pris plaisir à lire et qui m’a fait découvrir beaucoup d’artistes que je ne connaissais pas.

Chaque histoire est précédée d’une courte biographie du ou des auteurs.

Le chaos rampant, par Pochep : tout au long de ce numéro de Métal Hurlant, entre chacune des histoires proposées, on pourra découvrir la vie de Lovecraft dessinée par Pochep. Avec un sens de l’humour certain, on suivra Lovecraft de son enfance à sa mort, avec les points les plus importants de sa biographie.
En affublant Lovecraft de tics verbaux et d’un compagnon à tentacules, j’avoue que Pochep m’a beaucoup fait rire tout au long de ce numéro

Le Gardien du seuil, par Fred Vignaux : quand des adeptes pensent invoquer Ithaqua mais que Yog-Sothoth en personne vient réclamer son dû.

Lumière noire, par Vincent Bonavoglia & Matthew Allison : une famille se rend sur l’île où leurs ancêtres ont mystérieusement disparu.

L’antithèse des créations, par Salvador Sanz : « et si tout ce qui m’entoure n’était pas que le fruit du rêve de quelqu’un d’autre ? » Une femme pense qu’elle n’est sur Terre que pour servir de témoin à ce qu’il se passe et prendre des notes.

Interview de S.T. Joshi qui est l’auteur de Je suis Providence (que j'ai chroniqué ici). Le critique américain revient sur sa découverte de Lovecraft, sur la vie de l’écrivain et sur l’impact que son œuvre a eu sur lui mais aussi sur la pop culture et la littérature fantastique.

La tache, par Thomas Gilbert : une jeune femme atteinte de mysophobie (peur excessive de la saleté et des microbes) découvre une tache sur le plafond de son appartement. Peu à peu, et malgré tous ses efforts pour la faire disparaître, la tache s’agrandit.
J’ai beaucoup aimé les couleurs de cette histoire.

Cher journal, par Emem : une adolescente est contente de rater l’école car sa mère l’emmène dans sa retraite d’écrivain car elle veut terminer son roman. L’adolescente raconte alors dans son journal ce qu’il se passe autour d’elles.

La clairière, par Eldiablo & Nico Gems : Stella n’a pas envie de rendre visite à son aïeule mais ses parents sont fermement décidés à lui faire rencontrer la vénérable. Mais arrivés dans la clairière, tout ne se passe pas comme prévu.

Interview de Sandy Petersen, le créateur des quatre premières éditions du jeu de rôle L’appel de Cthulhu (paru en 1981) qui a été le tout premier jeu de rôle d’horreur. Il revient sur la genèse du projet et sur l’engouement que son œuvre a créé.

L’appel de Cthulhu, par Mathieu Sapin. Mathieu nous raconte sa rencontre avec le jeu de rôle et Lovecraft.

Ils sont arrivés, par Valentin Ramon : un expert en langues anciennes est chargé d’interroger un soldat qui, après un rude combat contre des entités mystérieuses, ne parle plus que dans un langage inconnu. Mais la traduction entraine des conséquences irréversibles.

Bienvenue à Dunwich, par Nikola Pisarev : un homme pénètre dans Dunwich, qui a été complétement grillagé, et cherche à entrer en contact avec les entités du lieu. C’est une histoire sans parole jusqu’aux dernières cases où il invoque Yog-Sothoth.

Entretien avec Pixel Vengeur qui a soufflé l’idée de cet opus de Métal Hurlant. Il nous parle des adaptations de l’œuvre de Lovecraft et de son influence sur la culture.

Cthulhu à la plage, par Pixel Vengeur : Cthulhu, qui ne se sent pas bien, décide de remonter à la surface et découvre un monde envahi de pollution. Il découvre que ses poumons sont envahis de microplastique, ce qui cause sa toux récurrente.
Le côté décalé d’un Cthulhu qui consulte un médecin m’a beaucoup fait rire.

Cyberpunk : "Alone in the dark", aux racines du survival horror par Nicolas Deneschau : en novembre 1992 sort le jeu Alone in the dark et cet article revient sur la genèse de sa création et les mécanismes utilisés à l’époque pour susciter l’angoisse et la peur.

Mentral, par Etienne Appert : un homme a été découvert mort chez lui, entièrement recouvert de racines qui semblent avoir jailli de son corps.

Entre les pierres, par Alex Ristorcelli : un enfant et sa mère s’installent dans une région reculée et désertique. L’enfant aime se baigner dans la rivière et rencontre un étrange vieux qui lui raconte des histoires sur les dangers de la rivière.

Kadath, par Richard Guérineau : l’agent Maynard assisté de Rob R-GS1 font une visite de contrôle de Kadath-24, une cité marmoréenne abandonnée depuis longtemps. Mais la cité est-elle vraiment abandonnée ?
J’ai beaucoup aimé la fin de cette histoire qui fait un gros clin d’œil à la série Love, Death & Robots.

Du beau et du sublime, par Manuera & Ricard Efa : un peintre escalade une montagne afin d’atteindre le sommet et peindre la Divinité.
Des réflexion très philosophique sur le rapport entre le beau, le sublime et l’horreur. J’ai beaucoup aimé la patte graphique.

Pastorius, par Pog & Nicolas Gaignard : 1942, USA. La rumeur court que des Boches seraient sur le territoire. C’est à ce moment qu’un homme étrange entre dans une épicerie et se fait remarquer par son accent et sa carrure. Aussitôt le doute rôde.
J’ai bien aimé cette histoire qui se déroule en quelques minutes mais laisse une trace indélébile.

Dans les coulisses de "Providence", l’une des meilleures BD lovecraftiennesStéphane Bataillon nous donne la genèse d’une compilation de trois BD lovecraftiennes, parue en 2023 chez Omnibus/Panini édition. J’avoue que cet article donne envie de lire et de découvrir cette compilation !

Le cauchemar, par Juliette Pinoteau : dans cette histoire, Juliette nous livre un de ses rêves, aux relents lovecraftien, étroitement enlacé à la vie de l’autrice.
Première femme de ce recueil, avec Juliette on découvre une histoire mêlant horreur et réalité, et il faut bien avouer qu’elle résonne encore en moi après ma lecture.

60e déferlants, par Thomas Bidault : une dessinatrice suit des explorateurs en terre Adélie afin de dessiner leurs travaux sur les lichens et les algues. Au cours du voyage, elle apprend une mauvaise nouvelle et sombre dans les ténèbres.
Une histoire très sombre malgré ses débuts très lumineux du point de vue graphique.

L’appel à tarte, par Mo/CDM : un nouveau voisin vient de s’installer dans le quartier et un couple de vieux décident de lui rendre visite pour lui souhaiter la bienvenue. Ce nouveau voisin n’est autre que Cthulhu.
Une histoire décalée, avec une chute un peu inattendue qui m’a beaucoup amusée.

Love and craft, par Brouette Hurlante : une plongée dans l’onirisme de la création.
Avec ses couleurs très psychédéliques, cette histoire a tout de même des côtés très sombres.

Le mange disque : Metallica, L’appel de "Ktulu" : une chronique musicale sur ce titre de Metallica qui date de 1984.

1785, par Stéphane de Caneva : 1794, dans une geôle. Un homme, condamné, raconte à son camarade de cellule. Invité à dîner, avec son frère, par les Valdémont, il a été témoin d’un rituel aux conséquences tellement étranges qu’il n’a rien pu empêcher.
Pour être honnête, je m’attendais un peu à la chute, mais il n’en demeure pas moins que cette histoire est l’une de mes préférées de ce numéro.

Monkey Business, par Jean-Luc Cornette & Christian Durieux : en 1937 à la Havane, Cthulhu apparait et, comme il aime le faire, commence à détruire et à tuer ceux qui tentent de l’en empêcher. Mais l’armée américaine a un atout dans sa manche. Elle envoie King Kong combattre contre le Grand Ancien…
Encore une histoire décalée qui m’a beaucoup amusée, même si la fin est moins rigolote.

J’avoue que je n’ai pas lu la Tribune Hurlante qui suit cette histoire, mais c’est une nouvelle rubrique qui laisse la parole à des personnes externes à la rédaction.

La musique d’Erich Zann, par Lolita Couturier : deux jeunes d’une cité discutent sur un banc, en fumant. L’un des deux raconte les déboires qu’il a eus avec son voisin qui joue de la viole de gambe.

The things, par Laurent Queyssi & Oriol Roig : un Lovecraft vieillissant est invité sur un plateau de tournage pour découvrir les coulisses de l’adaptation d’une de ses œuvres. Mais sur place on lui fait voir quelque chose de plus.
Une uchronie tout à fait dans le style de Lovecraft.

La page blanche, par Elene Usdin : une jeune femme découvre, caché dans son vieux matelas, un carnet rempli de croquis et de textes étranges. Alors qu’elle est atteinte du syndrome de la page blanche, elle décide d’utiliser le carnet pour son prochain ouvrage.
Une histoire qui montre, par sa chute, que tout a un prix, même si on refuse de le payer.

Le Manifesto de ce numéro porte sur la poésie dans l’œuvre de Lovecraft.

Les Grands Anciens, par Bob Fingerman : on suit les Grands Anciens qui vivent en colocation et ont quelques soucis à gérer.
Je n'ai pas trop accroché à cette histoire et la fin est un peu téléphonée.

Les grandes dunes, par Aseyn : le récit d’une visite à la Grande Motte, où des êtres étranges ont transformé, petit à petit, la ville et les plages en désert.
Un air un peu post-apocalyptique pour ce récit dont l’esthétique est très réussie.

L’émissaire, par Daniel Hansen : deux chasseurs de rats s’enfoncent dans des tunnels désaffectés pour y trouver la plus grosse proie, celle qui leur rapportera un max d’argent. Mais l’un des chasseurs a un autre but…
Sombre, violent et sans vergogne, voici les trois adjectifs qui peuvent caractériser cette histoire. J’ai beaucoup aimé.

Interview de François Baranger, illustrateur de l’œuvre de Lovecraft dont les illustrations font le bonheur des fans du fantastique. Ancien concept artiste, il revient sur sa façon de travailler sur l’univers lovecraftien et comment il a conçu les albums illustrés qui sont parus chez Bragelonne.
J'aime beaucoup son travail et les albums sont magnifiques.

Mater, par Jorg De Vos : le dialogue entre une mère et son enfant.
Difficile d’en dire plus sur l’histoire sans tout dévoiler. Les illustrations sont à la fois très crues et fascinantes, avec une force d’évocation assez perturbante.