Etre conservateur au musée du Louvre n'est pas forcément de tout repos. La journée d'Alba, spécialiste de l'époque médiévale, commence fort : dispute avec un promoteur immobilier pour l'empêcher de détruire une statue médiévale, plongée au fond d'un lac pour étudier ladite statue avant de retourner au Louvres avec la précieuse œuvre d'art... Celle-ci, en granit massif, représente un chevalier - sire Hugo de Vraines, né en 1151, si l'on en croit l'épitaphe - et est en excellent état de conservation pour un truc âgé de près de neuf siècles. Alba est impatiente d'en apprendre davantage.
Le lendemain, plus de statue dans son atelier, mais un beau spécimen de simili-chevalier en chair et en os occupe la salle de pause, apparemment perplexe devant le contenu du frigo. L'inconnu ressemble trait pour trait à la statue, vêtements compris, il s'exprime d'une manière délicieusement surannée et affirme être bel et bien Hugo de Vraines, pourfendeur de dragons, revenu à la vie pour sauver urgemment le monde des créatures qui veulent l'anéantir.
La lumière finit par se faire dans l'esprit d'Alba : c'est un canular ! Messire Hugo est un acteur, envoyé pour générer un buzz autour du projet immobilier. Dommage quand même, car il est vraiment beau gosse et calé en histoire médiévale, de quoi faire craquer Alba, rêveuse et romantique !
Pour qui a déjà lu Scorpi et sa série dérivée Lignées de l'ombre, le pitch de cette nouvelle série a un petit air de déjà vu : une pétillante jeune femme rencontre un bel homme sexy en diable, mais surtout en lien direct avec le monde surnaturel, et le duo va avoir fort à faire pour se dépêtrer d'ennemis de taille. Ici, notre bel homme est donc un chevalier venu tout droit du douzième siècle, et les antagonistes ne font pas moins de quarante mètres de long puisque ce sont des dragons (qui peuvent prendre forme humaine, ce qui est quand même plus discret).
Cet air de déjà vu est cependant vite oublié, ca à l'instar des précédents ouvrages de l'autrice, celui-ci est marqué par sa verve caractéristique. La plume est fluide, le ton léger, les échanges bourrés d'humour. Le chevalier a un peu de mal avec le monde moderne et cela donne des passages amusants, à défaut d'être totalement originaux. Les personnages aussi bien principaux que secondaires ont du caractère, et le lecteur ne pourra s'empêcher de s'attacher à la petite Lénaïg : sous l'apparence d'une fillette d'une dizaine d'années se cache un bébé salamandre, comme un dragon en nettement plus petit. Kleptomane, ayant une capacité d'adaptation étonnante, et irrémédiablement charmante ! Sa présence apporte un certain équilibre au groupe, comme celle d'un certain petit tueur à gages ou d'une paire de jumeaux turbulents dans les séries précitées.
Le rythme est excellent, les rebondissements petits et grands s'enchaînant de façon à ce que l'on ne s'ennuie jamais. On n'y croit pas une seconde, mais ce n'est pas grave car on garde le sourire aux lèvres tout du long. Pour ma part, j'ai dévoré l'ouvrage quasi d'une traite et je me suis une fois de plus régalée. C'est une lecture qui fait du bien. Hâte de retrouver tout ce beau monde dans la suite de la série !