Dans ce que j’imagine être un futur lointain, peut-être pas si lointain, la Terre est devenue une immense décharge toxique et désertée. L’humanité a trouvé refuge sur Avalon, une planète artificielle aux allures de méduse.
Les habitants les plus fortunés résident dans un sanctuaire bien gardé : le dôme. Mais derrière les parcs et les jardins soigneusement entretenus, des petites trappes cachent un labyrinthe tentaculaire d’ascenseurs grinçants, de tunnels et de passerelles crasseuses où vivent les rebuts de la société.
Parmi eux, on suit Géo, employé par le service d’assainissement pour acheminer les déchets d’Avalon jusqu’au site de traitement sur la Terre où, la plupart du temps, les ordures finissent lâchement larguées au-dessus de la mer.
Alors qu’il se retrouve en pleine mission en train de piloter son vaisseau-benne, ce dernier s’échoue accidentellement sur la planète dépotoir. Si Géo s’en sort indemne, ses moyens de communication eux ne fonctionnent plus.
Muni de maigres rations de survie, Géo décide de se mettre en route en remontant en sens inverse la piste du crash afin de retrouver le site de traitement et espérer pouvoir rentrer.
Récit initiatique ou allégorie horrifique d’un univers post-apocalyptique impitoyable, cette bande dessinée a le mérite d’être des plus surprenantes surtout pour la non-initiée que je suis en matière de SF !
Je dois dire que l’expérience n’a pas été des plus désagréables même si je pense manquer cruellement de références pour comparer avec d’autres œuvres du même genre ou simplement comprendre certains ponts dans l’histoire.
Si j’ai aimé le découpage scénaristique façon quatre saisons et les couleurs flashy avec des teintes fluos pour certaines pages, j’ai en revanche détesté les dessins des personnages, notamment les visages aux traits soit grossiers des ultra-riches, soit décharnés et dégarnis pour notre héros égaré.
Passé ce dégoût physionomique, qui sert en plus absolument le propos du scénario, le reste de la lecture m’a évoqué un mélange entre Robinson Crusoé et Seul au monde où Tom Hanks échoué sur une île déserte, après un crash d’avion, commence à délirer en personnifiant un ballon (le fameux Wilson) auquel il s’attache pour paradoxalement ne pas sombrer dans la folie.
Ici, pour survivre dans un milieu hostile peuplé de ruines, de déchets et de lacs pollués, Géo commence à penser à voix haute, se parle à lui-même, tant pour se punir que pour se rassurer. Au cours de son errance, il découvre un exemplaire de La Tempête de Shakespeare qui lui permet de tenir bon malgré la faim et la soif qui le font délirer et voyager dans le temps de ses souvenirs.
De quoi me perdre parfois moi-même dans la lecture mais très rapidement, la page d’après, de nouvelles illustrations plus tropicales et luxuriantes venaient contraster et contrebalancer la faiblesse d’un récit que j’aurais bien souhaité prolonger avec davantage de détails et de narration.
Mais c’est peut-être voulu sous cet angle afin de préserver cette ambiance si particulière, troublante et mystérieuse. Une lecture qui me laisse ainsi un peu dubitative mais toujours curieuse en matière d’aventure et de survivalisme.