Transylvanie 1898. Un ecclésiastique rend visite au comte Dracula et provoque chez lui une remise en question. Depuis quand a-t-il sombré dans le désespoir ? Depuis quand le gouffre de l’oubli s’est-il ouvert sous ses pieds ? Dracula décide d’engager un érudit qui sera chargé de mettre en ordre sa bibliothèque et retrouver son passé oublié.
C’est donc un jeune Anglais, Jonathan Harker, qui sera chargé du catalogage des ouvrages et des recherches historiques. Mais l’atmosphère des lieux, ainsi que le comportement de Dracula, mettent le jeune homme mal à l’aise et il décide de rentrer en Angleterre, afin de retrouver Lucy, sa fiancée, et Mina, sa sœur jumelle. Mais Dracula a vu les portraits de Lucy et de Mina, et il est fasciné par la sœur de Jonathan.
C’est pourquoi Dracula, aidé de Renfield l’un de ses valets humains, fait le voyage depuis la Transylvanie et s’installe à Londres pour faire la connaissance de Mina. Et son intuition se confirme : la jeune fille est la réincarnation de Justina, son défunt amour, disparue depuis des siècles. Déstabilisé par cette rencontre, le vampire ne sait pas s’il veut posséder Mina ou la transformer à jamais. Tandis que le comte hésite, Harker et Van Helsing décident de l’éliminer…
C’est une réécriture réussie de Dracula que nous offre Arthur Ténor avec une fin plutôt romantique mais sans omettre le côté très sombre du personnage. En effet, Dracula est sans pitié, manipulateur et surtout s’ennuie profondément au début du roman, cloitré dans son château. Et c’est sa fascination pour Mina qui le sort de sa léthargie et le pousse à parcourir l’Europe afin de la rencontrer.
A travers le mythe de Dracula, on retrouve les thèmes de la mémoire alliée aux souvenirs (Dracula ayant perdu les souvenirs de son humanité au cours des siècles passés), mais aussi ceux de la remise en question des serments. En effet, Dracula obtient l’immortalité en rejetant Dieu et en implorant Satan de l’aider. Et la rédemption finale intervient quand il décide de se débarrasser du carcan imposé par Satan, aidé en cela par le fait qu’il reste une minuscule étincelle d’humanité en lui, qui lui fait épargner Mina.
Écrit à la première personne et du point de vue de Dracula, on a pour une fois les faits vus à travers les yeux du vampire, et non pas de ceux qui l’ont rencontré. Cela nous permet de mieux le comprendre et de découvrir au fur et à mesure que l’histoire avance qu’il n’est plus tout à fait le monstre qu’il a été.
Une bonne adaptation du mythe donc, qui ne tombe pas dans des facilités scénaristiques mais qui s’attache plus à la relation que vont nouer Dracula et Mina à partir de la seconde partie du roman.