Les Chroniques de l'Imaginaire

Sedna (Lieutenant Bertillon - 2) - Barth, Carine & Pomès, Cyrille

Le lieutenant Bertillon, jeune inspecteur faussement timide, maladroit et incompétent, a un peu trop agacé sa hiérarchie lors de sa précédente enquête chez les forains… Ce qui lui a valu, en guise de punition, une mutation d’un an dans un patelin esquimau isolé sur la banquise.

Perdu au cœur du froid polaire, où les plaines glacées ne s’égaient que d’une silhouette de phoque ou de motoneige, Bertillon ne pense qu’à s’échapper et compte les jours restants, accoudé au comptoir du seul troquet du coin.

Alors qu’il doit participer aux recherches de deux jeunes qui ne sont pas rentrés au village, il se retrouve pris dans une tempête de neige. Panne de carburant et talkie-walkie hors-service, il s’apprête à passer la nuit dehors quand soudain un vestige du passé surgit de dessous la glace.

Lorsqu’il retrouve ses collègues et qu’il annonce avoir vu l’épave du Sedna, un bateau de pêche disparu avec son équipage voici trente ans dans des circonstances obscures, la nouvelle semble réveiller de terribles rancœurs et de dangereuses émotions dans la petite communauté polaire.

D’un côté, il y a ceux qui accusent le défunt capitaine du Sedna d’avoir causé la mort de son équipage. De l’autre, ceux qui croient qu’une mystérieuse attaque aurait coulé le navire pour dissimuler une éminente découverte scientifique. Autant de mystères et de questionnements qui décident le lieutenant Bertillon à rester pour mener l’enquête.

Toujours orchestré autour d’une intrigue policière, le scénario part à nouveau dans tous les sens au cœur de ce deuxième tome. L’originalité perçue auparavant laisse progressivement place à une sensation de désorientation où passé et présent, légendes et réalité, s’entremêlent pour faire avancer l’histoire et déboucher sur des rebondissements plus rocambolesques et grotesques les uns que les autres.

Ce n’est pas un mauvais moment de lecture en soi, les dessins et les couleurs demeurent plaisants à parcourir, mais j’ai clairement l’impression que la scénariste a pioché dans tout ce qu’elle avait en stock (entre Spirou et Fantasio, Colombo et James Bond) pour donner naissance à une bande dessinée sens dessus dessous. On raccroche inopinément les wagons avec le tome précédent (et on s’attache aux mêmes petites bestioles, après Olga la chèvre, ici Tak le pingouin, mignon, drôle et attachant) mais ça ne suffit pas.

Avec un final au débotté, qui manque cruellement de contexte et d’explications, on se retrouve parachuté au milieu d’un interlude inattendu et totalement WTF qui n’apporte rien si ce n’est d’embrouiller davantage l’esprit et espérer gauchement une suite (et fin) à cette aventure désenchantée.