Cette novella a obtenu lors de sa première parution le Prix Ozone 1998 pour la meilleure Nouvelle de Science-Fiction francophone.
Paul est le plus âgé de la bande des Engoulevents, et il est le pilier central du trio qu'il forme avec Mick et Hugo. Comme ce dernier et leur ami Francis, le quatrième de la bande, il a une famille dysfonctionnelle, dont il se débarrasserait volontiers si cela ne l'obligeait pas à retourner aux tendres soins de la DDASS.
Pour l'instant, en tout cas, c'est le début des vacances, et en cet été étouffant le temps est venu de profiter de leur cabane, avec son sous-sol bien aménagé en bibliothèque et repaire dissimulé. Mais Paul a un secret, et il a besoin de l'aide de ses amis. Il les emmène en une expédition qui leur fera récupérer un garçon de leur âge, qu'ils baptisent Choky, en référence au roman de John Wyndham. Mais cela ne va pas sans danger, ni pour eux, ni pour lui, ni pour le monde qui les entoure.
Préfacée par Olivier Girard, cette réédition est une excellente idée dans une collection de haute tenue, avec comme toujours une superbe illustration signée Aurélien Police. Le format est parfaitement adapté pour cette novella.
Avec ses références ancrées dans la Science-Fiction classique, à commencer par Flatland, cette histoire réussit le tour de force d'innover avec des thèmes aussi visités que la rencontre avec des êtres venus d'ailleurs, le don inexpliqué qui pourrait être vu comme une malédiction, sans même parler du mal-être de l'adolescence ou des familles dysfonctionnelles. Bien sûr, on peut y discerner aussi cette perception particulière à Serge Lehman de la SF comme traductrice, voire créatrice, de réalité, que reconnaîtront les lecteurs et lectrices de L'art du vertige.
La construction est impeccable, surtout en ce que le glissement graduel du point de vue auto-centré des membres de la bande à la prise en compte d'autres dimensions de plus en plus intrusives est parfaitement maîtrisé. Du même coup, on passe d'une atmosphère presque Club des 5 à quelque chose de beaucoup plus ample et sombre, avec la perte de l'innocence de l'enfance. C'est d'autant plus remarquable que dans ce format court de la novella l'auteur réussit à caractériser parfaitement ses personnages, tant secondaires que principaux, par petites touches de quelques mots.
En somme, je recommande vivement à ceux et celles à qui la première parution aurait échappé de se précipiter sur cette passionnante réédition.
Cette page est une version simplifiée pour les robots. Pour profiter d'une version humaine plus conviviale, cliquez ici.
