Les Chroniques de l'Imaginaire

Les faux-bouquineurs - Pillon, Gonzague

Michel et José, deux compères, vont nous mener à travers la France dans leurs péripéties, leur bonne humeur loin d'être aussi relaxante qu'elle y paraît et leurs faux pas. Ce sont deux hommes qui ont connu le succès à leur échelle. Michel est un ancien relieur, qui a aimé son métier et s'est perdu après une relation amoureuse, de faux espoirs et la déchéance, jusqu'à l'arrivée des huissiers. José, lui, fait partie des caïds de la banlieue parisienne, respecté et protecteur de sa famille. Il court après les petits trafics, insiste pour que sa sœur fasse de belles études comme elle entend les faire et débusque un joli coup quand celle-ci l'emmène dans un monastère.

Les livres anciens sont le saint Graal, des trésors oubliés, dans un sale état, mais qui vont faire renaitre Michel. Le respect de cet art, le retour au travail va en quelque sorte permettre à Michel de se redécouvrir et enfin sortir du gouffre. D'accord, la voie empruntée n'est pas aussi belle qu'on le pense. José n'a pas les mêmes préoccupations mais la rencontre de ces deux là est incroyable.

Face à des figures marquées de la montagne, ils vont apprécier le travail, l'élégance de la transmission et malgré leur mauvais penchant, la lumière est au bout du tunnel. Il faudra alors la saisir comme ils le peuvent, même si leur passé laisse quelques traces.

Jolie découverte que ce petit roman bien construit. Lecture rapide et simple, excepté si on est comme moi peu habituée au langage des cités. Cela a été par moment assez difficile de suivre, mais comme une langue étrangère, apprenons la pour s'y mouvoir encore mieux.

Excellent rythme donné par Gonzague Pillon. Pour un premier livre, ce bouquiniste m'a enchantée. Ce livre est un petit régal. On est dans le camion avec nos deux protagonistes, les scènes sont improbables, le vol de livres dans les monastères drôle et inquiétant à la fois. Un José têtu, un Michel angoissé et amoureux de son art, et des rencontres montagnardes sincères et chaleureuses.

Lors des descriptions pour remettre en état des premiers livres imprimés connus sous le nom d'incunables ou des "in-duodecimo" du dix-septième siècle, j'ai apprécié le respect de ce métier manuel ancien, riche et impressionnant. On ne peut qu'être ému désormais face à ces petits objets pouvant traverser les siècles sur de simples étagères.

Ce livre nous raconte une histoire authentique, c'est un bel hommage aussi à l'artisanat. Une belle aventure rocambolesque qui vaut le détour