La gamine grandit dans la ferme familiale, une grande bâtisse horizontale compartimentée. A une extrémité, la génération qui a pris la relève et travaille dur. De l'autre, les grands-parents qui ont investi le côté mouroir, d'où ils continuent à apporter leur contribution en attendant la fin de leurs jours. Et au milieu, la grange. Dans chacune des chambres parentales, de part et d'autre, une porte ouvre directement sur les bêtes, au cas où une assistance serait nécessaire au beau milieu de la nuit.
Il y a la mère, l'oncle, la tante, le fils adoptif, le grand-oncle qui n'a jamais eu la lumière à tous les étages et qui ne communique véritablement qu'avec sa faisane. La gamine est habituée à sentir les odeurs de la ferme et aime les broussailles environnantes, qu'elle explore avec ses amoureux éphémères aux cheveux tout aussi emmêlés que la nature qu'elle aime. Elle n'est qu'un nom de plus dans cet endroit qui a vu passer ses aïeux et qui devait continuer à exister si l'appel de l'urbanité et des temps modernes n'étaient passés par là.
Celle qu'on connaît comme dessinatrice utilise pour son premier roman les mots de la même façon qu'elle emploie ses coups de crayon, avec des touches délicates qui entremêlent descriptions et sensations. Marion Fayolle nous a habitués à convoquer tout un imaginaire avec des dessins qui disent tout sans parole et dégagent une poésie pleine de grâce. Cette poésie toute en finesse est bien présente dans Du même bois. Cependant, cela ne suffit pas à enrober un texte qui manque cruellement de profondeur.
Les personnages offrent un contour flou, une personnalité sans épaisseur. La gamine devient ado puis mère sans qu'on ait eu le temps de la connaître véritablement à chaque étape. L'écriture soignée et élégante affleure les décors, faits et évènements sans nous faire entrer pleinement dans un scénario chargé d'une mélancolie qui donnait envie d'en savoir davantage.
Un roman qui devait transporter le lecteur dans la ruralité que Marion Fayolle semble porter dans son cœur mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses.
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