Tous les ans, la Saison Rouge est de plus en plus violente. Les pluies abîment les cultures, la nourriture manque. C'est pourquoi une poignée d'aventuriers décide d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs, loin des trois villages de bois, de pierre et de terre dont ils sont originaires. Le petit groupe d'une dizaine de personnes est hétéroclite, formé sur l'impulsion du moment avec des personnes motivées par la mission, l'aventure ou autre. Le périple est long et rude, mais les voyageurs s'en tirent honorablement.
Ils finissent par rencontrer un jeune homme en toge, qui les attend sous un baobab pour les conduire à sa cité. Les explorateurs y découvrent une civilisation très différente de la leur, une ville densément peuplée très différente de leurs villages natals. Derrière l'accueil chaleureux se cache une prophétie : dans les archives de la cité, un texte ancien écrit dans la langue des visiteurs annonce que "quand les mondes se rencontreront, ce sera la fin". Est-ce que l'immense et mystérieuse porte scellée qui se tient à trois jours de marche de là est une échappatoire ? Mais comment l'ouvrir ?
Hexagon nous narre la rencontre de peuples différents, le choc des cultures. Nous rencontrons trois groupes (qui seront peut-être encore plus, plus tard ?) de gens qui ont des modes de vie dissemblables : les premiers sont des paysans dont les villages mettent en avant l'entraide et les traditions ; les deuxièmes des citadins dont la cité évoque la Rome antique, portée sur les sciences et les lettres ; les derniers des guerriers, dont l'organisation impitoyable est vouée à la survie. Car tous ces groupes affrontent des problèmes différents, mais tout aussi graves les uns que les autres : des pluies torrentielles, des tornades dévastatrices, un froid glacial et des créatures monstrueuses, selon les cas.
Le livre est rigoureusement divisé en trois parties de treize chapitres chacune. La première suit grosso modo l'expédition du premier groupe ; la deuxième leur arrivée dans la cité (avec notamment un long passage où l'auteur s'amuse à nous présenter un festival d'énigmes logiques) ; la troisième le heurt avec les barbares. On peut ainsi découvrir successivement les trois modes de vie dans les villages, la ville, le camp militaire.
Beaucoup de questions sont posées mais restent pour le moment sans réponse, qu'il s'agisse de la porte mystérieuse, mais aussi des parchemins anciens qui l'évoquent ou de l'origine des créatures. J'avoue que certaines choses restent floues pour moi sans que je sois sûre que ce soit le dessein de l'auteur : pourquoi les protagonistes espèrent-ils qu'ouvrir la porte va les sauver, plutôt que par exemple déverser des horreurs pires encore que ce qu'ils affrontent déjà ? Pourquoi la présentation de l'ouvrage parle-t-elle de "trois mondes" alors qu'il semble que tous les groupes évoqués habitent le même monde, appartenant juste à des civilisations aux territoires éloignés géographiquement ? Peut-être ai-je raté le passage de seuils magiques à un moment donné...
Il faut avouer que j'ai eu du mal à rester concentrée sur ma lecture. La plume est travaillée, c'est un plaisir de voir qu'il existe encore des auteurs capables d'utiliser un imparfait du subjonctif, qui plus est à bon escient. L'ensemble m'a malheureusement semblé longuet et un peu plat malgré les péripéties. La faute probablement au fait que je ne me suis pas attachée aux personnages, globalement peu fouillés au point qu'on finit par les mélanger. Sans parler du fait que ma suspension d'incrédulité m'a lâchée dans la deuxième partie, les aventuriers acceptant trop facilement à mon goût tout ce qui leur tombe dessus, se laissant prendre en charge sans s'assurer des intentions de ceux qui les accueillent, et semblant avoir oublié leur mission première.
Je ne suis pas vraiment convaincue, mais ce livre pourra plaire aux lecteurs sensibles à la qualité du style, et recherchant de l'aventure et du mystère.