Les Chroniques de l'Imaginaire

L'élève 1 (La Tour des Dragons - 1) - Andre, Florian

Parmi tous les jeunes seigneurs de dix-huit ans qui entrent cette année à la Tour des Dragons - dans l'Empire de Pendragon - pour suivre une formation en magie, Robert essaie de rester discret. Car Robert n'est pas natif d'Elysium, cette planète sœur de la Terre accessible via des portes secrètes. Robert est Terrien et, après cinq années de préparation intensive sur une base militaire au fin fond du Larzac, il va pouvoir jouer pleinement son rôle d'agent secret pour le compte de la France. En effet, même si le passage est ouvert depuis longtemps, Elysium reste encore très mystérieuse : globalement, on sait que c'est un monde de type moyenâgeux doté de magie, mais on ignore les possibilités et le fonctionnement de celle-ci.

Malheureusement, Robert n'est pas doué du tout pour être discret. Ayant hérité du bon groupe sanguin, il est plutôt talentueux avec la magie et n'essaie pas de le cacher, alors que sa couverture de fils de baron devrait faire de lui un magicien médiocre. Cela reste compréhensible puisque perfectionner sa magie est l'un des buts premiers de sa mission, afin qu'il puisse l'enseigner à d'autres Français à son retour. Mais il étale également ses compétences à l'épée et au combat à mains nues, tout aussi suspectes. Il se met en avant, ne s'écrase pas comme son statut d'emprunt peu élevé devrait l'y inciter... Bref il va vite attirer l'attention de ses professeurs et de ses camarades, notamment le prince héritier Frédéric III, qui est dans la même classe que lui.

Ce premier tome est extrêmement court, à peine une petite cinquantaine de pages. Il arrive cependant à être bourré d'action tout en introduisant Elysium et ses différences avec la Terre, son système de magie notamment. Rien de particulièrement original, mais le récit est plutôt prenant et se lit bien.

J'ai malheureusement du mal à accrocher avec le personnage principal, qui m'irrite profondément par son sentiment de supériorité. Bien entraîné, il vainc à l'épée un épéiste habile, il bat aux échecs un adversaire confirmé en quatre coups (le mat du berger ne marche normalement qu'avec les débutants)... Tout lui et facile puisque les natifs d'Elysium appartiennent à une société qui a des siècles de retard sur la nôtre et sont forcément moins bons que lui. Sans parler de son chauvinisme français exacerbé : il est très fier que, grâce à la vente d'épées de haute qualité en Elysium, la France soit devenue riche (au point de rembourser ses dettes et d'atteindre le plein emploi) ; il semble que pour lui rien ne vaille la France et les Français, cela transparait à travers des phrases telles que "je chausse une paire de lunettes de combat nocturne, les optiques de qualité sont l'un des fleurons de l'industrie de la défense française". Cocorico.

Dans ce monde où la technologie n'existe pas, Robert porte toujours sur lui micro et caméra, il fait un rapport radio toutes les nuits (il faut croire que son colocataire a le sommeil lourd)... Si besoin, il peut aussi arborer gilet en kevlar, fusil d'assaut, grenades et autres joyeusetés militaires anachroniques, hop une cape pour cacher le tout et le tour est joué. Et si ses camarades découvrent son matos, il suffit de leur demander gentiment de ne pas en parler et cela ne va pas plus loin... J'ai un peu de mal à trouver tout ça crédible.
Je pense qu'une bonne bêta-lecture aurait permis d'éliminer pas mal de trucs un peu louches. Robert rentre sur Terre pour ses premières vacances après trois mois... mais si on compte bien il a déjà passé deux fois deux mois en Elysium. Le prince s'appelle Frédéric / Frederic avec ou sans accent suivant les pages, mais parfois aussi Ferdinand. Elysium fonctionne avec un calendrier différent du nôtre, mais respecte notre calendrier scolaire avec deux mois de vacances en juillet/août et une rentrée en septembre. Et j'en passe.
D'ailleurs, même une relecture ferait du bien, car il reste des phrases bancales ou des fautes, pas excessivement mais quand même régulièrement.

Je termine les points négatifs avec le fichier numérique epub artisanal, qui ne contient ni titre, ni couverture, ni table des matières, ni mentions légales...

J'ai lu ce livre sans réel déplaisir, mais sans conviction non plus. Je pense qu'il aurait mérité d'être retravaillé avant d'être présenté aux lecteurs.