Les Chroniques de l'Imaginaire

Plus dure sera la chute ! - Collectif

Comme l'indique le titre du recueil, le projet de cette anthologie était de regrouper des nouvelles "à chute", c'est-à-dire des textes dont la fin est rapide, et surprend le lecteur, comme le rappelle la préface, à la fois savante et pleine d'humour. Comme annoncé, tous les genres sont représentés, et les styles sont assez différents pour que chacun.e trouve des textes à son goût.

Honnêtement, certains ne m'ont pas surprise. Peut-être suis-je plus soupçonneuse que la moyenne, peut-être ai-je tant lu que je suis plus difficile à surprendre, mais le fait est que Je suis une putain de légende, de Brice Triquet, avait pour moi un titre un peu trop révélateur, que la protagoniste de L'éclipse, de Julie Bosc, m'a paru bien trop naïve pour être crédible, que l'amusant Qui suis-je, de Bernie Calling, m'aurait sans doute davantage plu si je l'avais lue avant la série Lucifer et Le sujet, de Mello von Mobius, n'a pas vraiment de chute, juste une explication en fin de texte. En revanche, Heure H, de Quentin Fitère m'a plu, même si j'avais vu venir la fin depuis un moment.

Je n'ai pas été fan de Une journée fabuleuse, d'Erwan Nègre, même si son idée de départ, qui voit les menteurs se signaler par l'expulsion d'une "Fabule" est bien intéressante, ni de Le point de non-retour, de Stéphane Michel, où l'on suit un détective dépassé sur la piste d'un tueur en série, même si son ambiance policière est bienvenue.

Certaines nouvelles m'ont beaucoup plu, même si j'ai trouvé la fin trop prévisible pour entrer dans la catégorie des "histoires à chute". C'est le cas notamment d'Art moderne, de Yves-Daniel Crouzet, un texte à la fin glaçante sur l'ambition d'artistes anti-conformistes au départ ; Une nouvelle amie, de Noé Bezborodko est agréablement politiquement incorrecte ; La foire de Cadwell, de Jean-Marc Sire, est légère et plaisante, l'une des rares nouvelles de fantasy du recueil, avec ses lutins vendeurs de douceurs en tout genre ; j'ai été moins séduite par La charmeresse et son chat sidhe, d'Anthony Kontz, mais ses sorcières à la veille du bûcher étaient touchantes.

D'autres sont vraiment originales, comme Attention aux lapins blancs, d'Eloïse Vallat, où il y a bien plus d'un lapin blanc au fond du terrier, et qui est un beau texte sur l'écriture ; Bébé renard, de Guillaume Suzanne, belle nouvelle terrible sur un calvaire de mère ; Le miel et l'argent du miel, de Julie Conseil, cette tentative de recréer les abeilles disparues est de la bonne SF crédible, et Une goutte d'eau trop salée, de Nastasia Saby, est une fort bonne histoire sur le surtourisme et ses conséquences éventuelles... y compris sur la touriste en question, ce qui change agréablement.

J'ai gardé pour la fin celles qui m'ont plu et dont je n'avais vraiment pas vu venir la chute, qu'il s'agisse de Le dernier lampadaire, de Guillaume Chouteau, belle allégorie de la capacité des humains à (se) raconter des histoires, et à créer une mythologie correspondant à l'univers qu'ils habitent ; de Le conte de l'hirondelle, de Nicolas Baillon, elle aussi sur les histoires plus ou moins fiables, dans un tout autre style ; et enfin Le feu d'artifice, de Manon Daguet, avec ses airs de Titanic et ses amoureux disparates.