Les Chroniques de l'Imaginaire

Inexistents - Makasu, Miki & Takeliongawa

Sof est un démon, dont la tâche est d'éliminer certains humains qui ne devraient pas exister. Ces Inexistents, fruits d'erreurs de création de l'Univers, doivent être totalement effacés, y compris dans la mémoire des gens qui les ont connus. C'est ainsi que sera assuré le bon ordre de l'Univers, et Sof accomplit ses missions sans état d'âme.

Jusqu'au jour où la créature découvre que sa prochaine cible, Tsugumi, est l'autrice du manga Demon Smile, qu'il suit avec assiduité. L'œuvre est encore en cours… Pour Sof, la question ne se pose pas : il est prêt à tout pour découvrir la suite et fin de son manga favori, quitte à exploiter les failles dans les règles de l'univers pour prolonger la vie de la mangaka !

Mais si pour Sof la fin justifie les moyens, ce n'est pas le cas pour Tsugumi. Elle n'apprécie guère les solutions extrêmes que lui propose son nouvel allié : Sof veut sauver l'œuvre, mais ne s'encombre pas de sentiments pour l'autrice. Au contraire, pour Tsugumi, certains sacrifices semblent tout bonnement inacceptables, même si elle veut continuer d'écrire.

Ce one-shot très dense nous questionne sur l'existence, l'identité, la mémoire. Tsugumi disparait peu à peu de la mémoire de ses proches ; elle seule se rappelle de moments et confidences partagées, ce qu'elle trouve très dur à vivre. Comment se construire quand tout part en vrille et se dilue autour de soi ?

Mais ce manga parle surtout de création. Tsugumi met beaucoup d'elle-même dans son manga, elle le fait d'ailleurs évoluer au gré des rebondissements de sa propre vie, tentant d'influer le sort qui l'attend. Au fil des pages, on passe ainsi parfois de la vie de Tsugumi aux aventures de ses protagonistes de papier, avec des planches plus ou moins abouties de Demon Smile qui s'intercalent entre celles d'Inexistents. Les contours se brouillent entre réalité et monde imaginé.

Au final, tous les thèmes se rejoignent : un auteur existe par lui-même mais également à travers ce qu'il crée. Sa mémoire perdurera dans les souvenirs de ses proches, mais aussi dans celle de ses lecteurs, même s'il se cache sous un pseudonyme pour écrire.

Le graphisme est sombre et dur, avec une effet saisissant mais une faible lisibilité. Le titre est édité dans un grand format, pour mieux en apprécier les dessins, mais cela n'est pas suffisant pour bien suivre tous les détails de ces planches torturées qui donnent une grosse impression de fouillis. On ne comprend pas tout, c'est troublant.

J'avoue être passée un peu à côté de cette œuvre, qui m'a perdue aussi bien graphiquement que scénaristiquement. Le récit est puissant, mais peut-être trop emmêlé et surtout pas assez développé, d'ailleurs la fin m'a complètement laissée sur ma faim.