Le Treble : trois systèmes stellaires, colonisés par une humanité qui semble avoir oublié ses origines et le temps d'avant la Parentèlité. La Parentèlité : la théocratie qui gère fermement le Trèble, et dont les trois Mains verrouillent le pouvoir religieux (les Ecclésiastes de la Main Juste), le pouvoir militaire (les Ombres de la Main Brutale) et le pouvoir administratif / judiciaire (les Secrétaires de la Main Habile). Les bribes de pouvoir que ne contrôle pas la Parentèlité le sont par les Premières Familles.
Esek Nightfoot est à la fois Ecclésiaste et membre d'une Première Famille. Elle est intouchable et en joue allègrement, usant de son pouvoir avec autant de violence que de cruauté. Chono aussi est Ecclésiaste, mais tout l'opposé de celle dont elle a été la novice : elle aime la discrétion et se montre juste et aimable en toutes circonstances. Elles ne se sont plus croisées depuis plus de dix ans.
La Parentèlité les charge pourtant d'un opération conjointe : récupérer une pièce mémorielle contenant des informations sensibles sur la famille Nightfoot, qui a récemment refait surface sur la marché noir. Entre de mauvaises mains, cette pièce pourrait provoquer un chaos indésirable, le Trèble étant déjà dans une situation explosive suite aux grèves organisées par les travailleurs Jeveni et aux fermetures de portes de transport subséquentes. Bien sûr, tout n'est jamais blanc ou noir avec la Parentèlité. Esek a récemment été nommée à la tête de sa Famille, une position incompatible avec son statut de Main, aussi va-t-elle devoir choisir entre les deux ; cette mission est l'occasion de prouver sa loyauté à la Parentèlité. Quant à Chono, elle est là pour rapporter les agissements d'Esek.
Pour les deux Ecclésiastes, il ne fait aucun doute que tout ceci est lié à l'énigmatique Six, l'ennemi personnel d'Esek : vingt ans plus tôt, sur un coup de tête, elle a bousillé l'avenir d'un étudiant prometteur, le mettant au défi de l'impressionner en faisant quelque chose d'aussi extraordinaire que choquant. Six l'a prise au mot, iel a disparu sans laisser de trace et depuis s'amuse à la titiller alors même qu'elle lea chasse. Ils jouent au chat et à la souris. Mais qui est le chat et qui est la souris ?
Ce roman épais présente une histoire complexe, qui prend forme à mesure que l'on en découvre des éléments. Au fil des chapitres, le passé se mélange au présent, on saute d'une époque à l'autre mais en conservant toujours le focus sur Esek et son interminable traque de l'insaisissable Six, le tout sous l'œil de Chono, qui désapprouve la brutalité d'Esek tout en ne pouvant s'empêcher de rester à sa traîne. Chacun doit jouer son rôle dans cette partie d'échecs compliquée, dans laquelle il semble que Six a toujours un coup d'avance sur Esek : les indices qu'elle trouve sont des leurres, les pièges qu'elle tend se retournent contre elles. Au fil du temps, d'autres personnages se retrouvent impliqués dans le jeu, dans une intrigue qui réserve des surprises parfois de taille.
Le titre français, le Jour du Souvenir, évoque un événement qui semble d'abord sans rapport avec la traque en cours. Pourtant, au fil des pages, la place des Jeveni est de plus en plus importante dans l'intrigue. Il s'agit d'un peuple martyr, éradiqué en grande partie dans un génocide qui l'a privé de sa lune natale, et soumis depuis à une diaspora imposée par la Parentèlité. Ils n'ont le droit de se réunir tous ensemble que tous les vingt-cinq ans, à l'occasion de la commémoration du génocide. Malgré leur situation, ils continuent à se serrer les coudes. Ils ont appris à survivre et forcent l'admiration, et j'ai beaucoup aimé ce qu'il en était finalement.
Si l'histoire est prenante, l'écriture est cependant un peu lourde. Les chapitres sont longs et denses, avec beaucoup d'informations, j'ai parfois trouvé la lecture un peu ennuyeuse et laborieuse. Cela reste cependant une lecture intéressante qui plaira aux amateurs d'empires spatiaux et d'intrigues emmêlées.
La fin se suffit à elle-même, mais deux autres tomes restent à venir pour compléter la trilogie.