Toni Trinidad est policier municipal dans le petit village perdu d'Ascuas pas loin de Madrid. Son poste, il le doit plus à l'amitié entre son père et le maire plutôt qu'à ses qualités propres. Sa première préoccupation, c'est de s'impliquer le moins possible pour rester tranquille dans son coin. En plus de ça, il s'évanouit à la moindre goutte de sang. Entouré de sa sœur alcoolique et de son seul ami Triste, un homme un peu fou et peu apprécié dans le village, Toni apprend que son poste est menacé. Prêt à subir les événements sans se révolter, il apprend peu après que Triste a été retrouvé pendu au fond de son terrain.
Toni se rend compte rapidement que le suicide est peu probable mais, plutôt que d'enquêter, il laisse faire. C'est alors que sa sœur disparaît, mêlée à des histoires avec un trafiquant de drogue, elle s'est enfuie sans l'avertir. Toni va alors être obligé de s'impliquer pour la retrouver et surtout la protéger des truands.
Truands, tueurs à gages, entrepreneurs véreux, policiers vont tour à tout croiser sa route et commettre chacun la même erreur : le sous-estimer.
L’histoire de Marto Parente fait indéniablement penser à un roman de Jim Thompson Pottsville, 1280 habitants, avec le même genre de personnage de flic un peu branquignol qui va finir par montrer à tous qu'il n'est pas si minable. Le personnage principal traîne ici derrière lui un sacré paquet de casseroles, avec des parents morts quand il était enfant, un orphelinat où rien n'a été tranquille pour lui et sa sœur, une éclaircie avec une adoption par un gentil couple, puis de nouveau de la noirceur avec sa sœur qui est alcoolique et a été battue par son compagnon.
Entre une enfance difficile et des traumatismes subis, on comprend un peu mieux son désir de passer inaperçu.
L'intrigue et les personnages de ce polar font penser à un scénario d'un film à mi-chemin entre l'absurde des frères Coen et le côté déjanté des films de Tarantino. Des héros imparfaits, quelques baltringues, des truands, de la violence et du sang avec une pointe d'humour noir. Un bon cocktail qui ne laisse pas indifférent dans une Espagne que l'on n'a pas l'habitude de voir.
Sous couvert de personnages hauts en couleur et d'une histoire un peu folle, l'auteur parle de sujets sérieux comme la corruption, les promoteurs immobiliers véreux, le trafic de drogue et l'argent généré par les politiques agricoles européennes.
C'est plaisant à lire, distrayant, avec un mélange parfait d'humour, de violence, d'enquête policière et de drame.