James habite le village anglais d'Alfstanton, dans une rue qui a connu au fil des décennies des évènements heureux et d'autres plus tragiques. Parmi ces évènements, il y a le décès brutal de sa sœur jumelle à quatorze ans. Fait étrange, la veille de sa mort, elle avait aperçu un effrayant chien noir. Quelques semaines plus tard, c'est au tour de son grand oncle de décéder. James apprend que lui aussi avait vu un molosse noir avant de mourir. C'est alors que le jeune garçon prend connaissance d'un recueil d'histoires locales dans lequel l'apparition de ce chien funeste est relatée. Avec l'aide de sa voisine au numéro 8, qu'on surnomme la sorcière, James va tenter de remonter la piste de ce mystérieux chien pour retrouver sa sœur.
Le lecteur quant à lui prend un chemin de traverse qui rejoindra celui de James. Les premières pages du roman graphique nous dévoilent les évènements survenus dans la rue de James depuis des décennies. Au numéro 11, il y a ce couple et leurs quatre enfants décimés dans un accident de voiture au retour d'un mariage. Au numéro 8, dans l'actuelle maison de la sorcière, il y a cette autre famille disparue sans laisser de trace. Au numéro 3, la petite fille qui habitait là s'est noyée dans la rivière. Ces faits divers, nous les retrouvons plus tard, enchâssés dans un récit qui nous plonge au côté de James dans les contes et légendes locales.
Norm Konyu nous offre une histoire complexe magistralement élaborée sous des atours simples et clairs. L'histoire est captivante et nous ensorcelle dès les premières pages. Nous voulons percer nous aussi le mystère de ce chien noir, comprendre ce qui est arrivé aux habitants de la ville et suivre James dans son enquête. Une enquête passionnante qui s'engouffre petit à petit dans un univers baigné de folklore et de surnaturel, proche de l'atmosphère gothique. Norm Konyu maîtrise à la perfection l'art de faire planer une atmosphère mystérieuse, tant et si bien qu'on ne ne peut plus lever les yeux de l'ouvrage. Jusqu'à la dernière page, le récit est impeccable, sur tous les plans.
Le graphisme numérique est sublime, coloré et immersif. Le récit s'étale sur des planches aux agencements variés qui donnent à la lecture une dimension ludique et distrayante. Esthétiquement, cet épais roman graphique est un ravissement, jusqu'à sa couverture tissée.
Downlands est une réussite intégrale. L'intrigue est époustouflante, sans la moindre fausse note, sans la plus petite perte d'intérêt. Un véritable mille-feuille narratif servi par des planches incroyablement belles, qu'on lit en se surprenant à retenir son souffle. Un coup de cœur à lire, relire et offrir.