Le mangaka Takeru Todo et son assistant favori, Yu Hinata, se rendent dans un sanctuaire pour faire du repérage pour une future série. Malgré les histoires de disparition inexpliquées qui y sont liées, le lieu ne paye pas de mine. Comme il s'agit d'un sanctuaire, chacun des deux hommes fait un vœu : Takeru souhaite que son responsable éditorial, qui lui met des bâtons dans les roues, disparaisse ; Yu pour sa part souhaite disparaître lui-même, déprimé par les critiques incessantes de sa propre responsable.
Le soir même, leurs entrevues professionnelles respectives tournent étrangement. Accablé par les dénigrements impitoyables, Yu se fait tout petit... jusqu'à devenir invisible ! De son côté, Takeru se dispute avec son responsable, le ton monte et c'est le responsable qui devient invisible ! Avide, le gars est prêt à tout pour utiliser ce pouvoir à son profit, le désaccord s'envenime et Takeru finit par assassiner son vis-à-vis à l'aide d'épées invisibles !
Takeru est horrifié par son geste. Cependant, il a promis à Yu, qui l'idolâtre, de le soutenir. Pour cela, il faut que sa nouvelle série soit publiée pour que Yu apprenne à voler de ses propres ailes. Takeru entreprend donc de cacher son acte aux yeux du monde, mais aussi à ceux de Yu pour ne pas l'impliquer. Pour conserver son secret, Takeru est obligé d'en faire toujours plus...
Cette série finie au Japon en sept tomes nous plonge dans les coulisses du milieu de l'édition de mangas. La concurrence est rude, les coups bas monnaie courante. Difficile de percer, puis difficile de persévérer. Il faut avoir une bonne idée de départ, mais aussi bien l'exploiter et surtout séduire l'éditeur, avec la barrière délicate du responsable éditorial. Plein de sales types, pour la plupart. Pourtant, Takeru aime son métier, et Yu en rêve également. Ils sont proches et leur relation mangaka/assistant est très belle : Takeru aime répéter qu' "entre maître et disciple, pas de mensonge".
Malheureusement, les mensonges vont s'accumuler. De fil en aiguille, Takeru s'embourbe dans une situation de plus en plus complexe, où tout tourne de plus en plus mal par un effet boule de neige. En tant que spécialise des super-héros, le mangaka le sait bien : les super-méchants sont toujours défaits à la fin. S'il veut que Yu triomphe, il lui faudra endosser le mauvais rôle. Avec son nouveau pouvoir, Yu sera un justicier, dans la vraie vie et dans le manga encore à écrire ; Takeru gardera son secret et tirera les ficelles dans l'ombre, s'enfonçant dans la noirceur.
Le graphisme sombre colle bien à l'ambiance glauque. Attention, c'est gore ! Les traits sont globalement réalistes, mais les personnages ont souvent des têtes torturées. Le contraste est fort entre le brun Takeru aux expressions angoissantes et le blond Yu, aussi lumineux qu'innocent. D'une manière générale, les protagonistes sont très expressifs.
La tension monte, le suspense est au rendez-vous. On ne peut manquer de s'interroger, pour savoir si Takeru va se faire prendre, mais aussi jusqu'où lui et Yu vont aller grâce à leur pouvoir respectif. Un bon début pour une série introspective prometteuse.
Si vous vous interrogez sur l'origine du titre, sachez qu'il fait référence au mythique anneau de Gygès qui rendait invisible son porteur, apparu pour la première fois dans un texte de Platon, le philosophe abordant par ce biais des questions éthiques sur la justice.
N'oubliez pas de soulever la jaquette : vous pourrez ainsi voir disparaître / réapparaître certains des personnages !
