Les Chroniques de l'Imaginaire

Notre otage à Acapulco (Les énigmes d'Aurel le Consul - 5) - Rufin, Jean-Christophe

Direction l'Amérique centrale pour ce cinquième volet de la série des énigmes d'Aurel le consul de Jean-Christophe Rufin. Aurel Timescu est envoyé par l'ambassade de France à Mexico, et c'est à l'ambassadeur de lui trouver un rôle. Lequel : ne rien faire, être simplement là, on l'appellera si besoin, la jouer discrète dans un hôtel ancré dans les années soixante.

Le personnage est à l'image du scénario ; on ne sait pas où l'on va au début, sans être lent, mais l'histoire existe, dans son élément, comme Aurel Timescu, envoyé donc en jeune diplomate honoraire au Mexique et plus précisément à Acapulco.

On est loin de l'Acalpulco qu'en tant que cinquantenaire je connaissais via La croisière s'amuse. Ici, c'est le règne des cartels, des règlements de comptes sauvages et sanguinaires. Cette station balnéaire n'est plus la ville au bord de mer prisée des anciennes stars du cinéma hollywoodien, telles qu'Ava Gardner, John Wayne, Franck Sinatra et Johnny Weissmuller la fréquentaient.

Martha Laborne a disparu, jeune fille d'un politicien français, elle a suivi son petit ami sous le soleil, a bien profité jusqu'à se volatiliser. Branle-bas de combat à l'Ambassade : que faire face à cet enlèvement qui pose bien des problèmes face à la mafia sud-américaine ? Déjà, Martha : qui est-elle vraiment, pacifiste ou activiste ? Et notre Aurel, qui veut lui aussi la jouer tranquille, se retrouvant tantôt diplomate, tantôt American lover et crooner derrière son piano bar de l'hôtel Los Flamingos.

Ce récit est aussi l'occasion de mettre en avant ceux qui restent, qui essaient de vivre malgré la peur constante au milieu des règlements de compte, les journalistes qui montrent l'horreur dans cette zone côtière, qui essaie malgré tout de démontrer un semblant de sécurité. D'un côté, il y a les habitants de cette ville régie par le marché de la drogue, et de l'autre, ceux qui passent, les obligés politiques, ceux ayant une mission diplomatique, mais pouvant se sauver à tout moment.

Cette histoire me laissait perplexe, et puis je me suis prise au jeu : qui sont vraiment ces personnages ? L'ancien cinéma hollywoodien en décor de fond, et la traque perpétuelle pour rechercher les otages. Aurel, que je décris comme un homme délaissé, style vieux garçon, en reste attachant ! Je ne connaissais pas cette série littéraire et j'y ai découvert un type qui ne dit rien, juste présent, mais qui peut faire beaucoup, car il observe, il constate, il sait. Ce recul est une belle sauvegarde au final pour ce héros récurrent.

Une jolie découverte que ce nouvel épisode des aventures de notre consul, et très bien écrit. L'occasion pour les lecteurs de visiter le Mexique du côté inquiétant mais bien réel, qui force à s'interroger sur le rôle des ambassades, des planqués et de ceux qui se mouillent pour préserver la vie de nos ressortissants.