Les Chroniques de l'Imaginaire

Nos constellations - Quentin, Florence

Il y a des amitiés d'été qu'on oublie sitôt les vacances terminées. Et d'autres qui marquent pour la vie.

Maxence et Aurélien n'avaient que dix ans quand ils ont partagé les meilleures vacances de leur jeune existence. Entre le Parisien élégant et le sauvageon aux boucles rebelles, l'amitié a été immédiate. Ils ne se sont pas quittés de tout l'été, jusqu'à ce que les parents de Maxence décident de repartir précipitamment sans même laisser aux garçons le temps d'un au revoir. Les étés qui ont suivi, Aurélien a guetté le retour de Maxence... en vain.

Les années ont passé. Les épreuves du bac terminées, les lycéens sont en vacances. 

Maxence, harcelé au lycée, négligé par des parents snobs qui veulent qu'ils suivent la voie qu'il ont tracée pour lui sans s'intéresser à ses propres désirs, fait une tentative de suicide. Pour se rétablir, il lui faut trouver refuge dans un endroit où il se sentira bien : Maxence choisit sans hésiter de retourner dans le petit village près d'Avignon où il a rencontré Aurélien sept ans plus tôt.
Aurélien a perdu sa mère d'un cancer fulgurant quelques mois plus tôt. Tandis que son père endeuillé ne sort plus de sa chambre, lui s'abrutit dans le travail, faisant fonctionner à lui tout seul le Café familial sans prendre de repos.

Cette belle histoire, c'est celle de deux grands adolescents malmenés par la vie, qui vont s'appuyer l'un sur l'autre pour retrouver le goût de vivre. Entre eux, l'alchimie est parfaite, immédiate. L'un est un garçon distingué et posé, sérieux et bon élève, toujours un livre dans la poche et des rêves d'écriture plein la tête ; l'autre est hyperactif, toujours à s'agiter, il a plus ou moins laissé tomber le lycée, il adore la musique et aimerait aller au Conservatoire. Malgré leurs différences, quand ils sont ensemble, rien d'autre ne semble exister pour eux.

Mais évidemment, rien n'est jamais facile. Les deux garçons ont des problèmes graves chacun de son côté, un mal-être avec des causes différentes mais des effets tout aussi dévastateurs. En plus de ces difficultés, Maxence sait qu'il préfère les garçons depuis qu'il est tombé amoureux fou d'Aurélien sept ans plus tôt, mais il a appris dans la douleur à ne pas afficher ses préférences sexuelles. Aurélien n'a jamais trouvé de fille à son goût, mais ne comprend pas pour autant l'attirance qu'il ressent pour son ami. Aucun des deux ne veut gâcher leur relation privilégiée en essayant d'aller plus loin, d'autant qu'ils ont peur d'être rejetés.

Dans le fond, il ne se passe pas grand chose. Le rythme est lent sans que ce soit ennuyeux, on prend le temps pour toutes les petites choses de la vie, les moments partagés. C'est dur parfois aussi, quand on rentre dans les souvenirs. Les chapitres alternent les points de vue, suivant généralement les deux protagonistes principaux, mais aussi leurs proches. Les garçons sont bien entourés par des gens bien intentionnés qui forment un cocon protecteur autour d'eux. J'ai apprécié notamment la rédemption du père de Maxence, qui a complètement foiré mais fait des efforts pour se rattraper.

C'est une lecture qui aborde des sujets sérieux (le deuil, le harcèlement...) mais avec douceur et pudeur. J'ai passé un très bon moment en compagnie de Maxence, Aurélien et les gens qui les entourent dans ce petit village perdu du Sud de la France, et je pense que ce roman plaira aux grands adolescents en tous genres sans souci.