Les Chroniques de l'Imaginaire

De jolis mensonges (Sentiments contradictoires - 1) - Hunting, Helena

Lavender quitte le cocon familial et emménage avec ses frères près de l'université de Chicago. Tout irait pour le mieux si ses frères étaient moins portés sur la fête et la baise : leur maison est continuellement remplie de sportifs dont le cerveau s'est effacé au profit des hormones et de groupies en bikini. Pour Lavender qui n'est pas l'aise avec les contacts sociaux, ce n'est évidemment pas idéal. Mais le pire, c'est de croiser quotidiennement le meilleur ami de son frère, Kodiak. 

Quand ils étaient enfants, Lavender et Kodiak étaient inséparables, se comprenant à demi mot et se soutenant l'un l'autre. La famille de Kodiak a déménagé et ils ne se sont plus revus, jusqu'à une soirée deux ans plus tôt... où Kodiak a brisé le cœur de Lavender. Depuis, il se comporte comme un crétin avec elle chaque fois qu'ils sont amenés à se rencontrer, adoptant une attitude méprisante et humiliante.

Cette présentation, de même que celle de l'éditeur plus ou moins du même type, est totalement correcte. Mais également ultra incomplète ! Là, on pense à un amour refoulé, une seconde chance et basta. Cela met totalement de côté un aspect essentiel de l'histoire : les deux protagonistes principaux sont névrosés et souffrent de violentes crises d'angoisse, d'ailleurs ils sont suivis par une psychothérapeute depuis l'enfance. Lavender a toujours ressenti beaucoup d'anxiété, notamment au sujet des relations humaines ou des endroits clos, le tout amplifié par un stress post-traumatique après avoir failli être enlevée dans une fête foraine. Elle panique facilement, se retrouvant alors totalement mutique et désemparée. Les démonstrations d'anxiété sont moins spectaculaires chez Kodiak, qui semble actuellement avoir à peu près pris le dessus sur son complexe du sauveur et son perfectionnisme, même s'il est maintenant touché par un désir incontrôlable et une jalousie maladive. Cela affecte grandement leur vie quotidienne mais ils essaient d'aller de l'avant.

Le récit prend son temps pour nous exposer les problèmes de Lavender surtout mais également de Kodiak. Entre les mésaventures quotidiennes de "maintenant" avec de brèves rencontres qui finissent toujours en disputes, et la relation fusionnelle entachée de dépendance de "avant" (relatée via des souvenirs du passé qui nous ramènent quand Lavender n'avait que six ou dix ans, par exemple), on rentre profondément dans la psychologie des personnages. On comprend ainsi pourquoi Kodiak s'est comporté et se comporte toujours comme un "connard" (sic, pardonnez la vulgarité mais le mot apparait environ une fois par chapitre, le lecteur doit faire avec). On découvre également que Lavender est désormais moins fragile qu'avant, et quand elle décide enfin de prendre les choses en main tout se débloque d'un coup.

Pendant les trois quarts du livre, on a donc une introduction qui traîne en longueur pour bien expliquer la situation mais qui manque de piquant pour attiser l'intérêt du lecteur ; puis quelques pages avec la confrontation tant attendue, un pardon rapide, du sexe... ; et enfin le dernier quart du livre, une fois le soufflé retombé, pour régler les détails et tout remettre sur les bons rails, y compris les problèmes annexes de la famille (et notamment la situation du jumeau surprotecteur de Lavender). A ce stade, vous avez probablement compris que je me suis un peu ennuyée. L'idée de présenter des personnages imparfaits souffrant d'anxiété était intéressante, mais malgré un style clair et agréable, je n'ai pas vraiment réussi à accrocher. Ce n'est pas non plus une romance sportive, car le hockey est vraiment un élément secondaire de l'intrigue.

Lavender est dotée d'une grande famille, avec des parents omniprésents mais surtout des frères et des cousins/cousines à la pelle. Je suppose que ceux-ci seront mis en avant dans les tomes suivants de la série, mais pour ma part je n'ai pas plus que ça envie de plonger dedans.