Ilara vit avec sa sœur dans un petit village, qu'elle n'imagine pas quitter un jour tant sa condition est la plus basse qui soit. Les récoltes sont de moins en moins abondantes, l'orem - la magie qui imprègne la terre et permet aux plantes de pousser malgré le froid - se meurt, aussi la survie est-elle difficile pour tout le monde. Mais Ilara subit également moqueries et brimades car elle est déficiente : au contraire de tous les faes Solis, elle n'a pas de magie, aucune affinité ne s'est développée en elle à sa maturité. Son absence d'aile dans le dos et sa chevelure noire attirent des regards méprisants, au mieux.
Ilara tombe donc des nues le jour où le prince Norivun, héritier de la Cour de l'Hiver, débarque inopinément dans son village et l'emmène avec lui. Il est beau, il est puissant, mais pour Ilara ceci n'est que "gâchis de perfection masculine". Celui qui est connu sous les surnoms de Maître de la Mort et Porteur des Ténèbres est craint par tous, il est impitoyable et froid comme la glace. Ilara a cependant contre lui des griefs plus personnels : il a tué ses parents et son frère, parmi tant d'autres victimes de son pouvoir mortel. Elle le hait.
Pourtant, si le prince se montre intraitable et refuse de lui dire pourquoi il l'a enlevée, il n'est pas cruel et elle comprend vite qu'il ne compte par la torturer ou la tuer. Il la traite comme une dame, prend à cœur sa protection. Mais que lui veut-il exactement ? Et pourquoi est-elle si troublée par sa présence... ?
Rien de follement original dans cet univers de fantasy, un royaume de neige et de glace habité par des faes volants aux pouvoirs variés. Pas de grande surprise non plus avec cette jeune femme qui se voit comme un fardeau inutile et se découvre subitement des capacités qui vont faire toute la différence dans la survie de son peuple. On ajoute une pincée d'intrigues de cour, une poignée de personnages secondaires notables et on a tous les éléments d'une bonne recette classique.
J'ai pourtant dévoré ce livre d'une traite. La relation entre les deux personnages principaux est au centre du récit, et c'est un plaisir de les voir se tourner autour. Ilara déteste Norivun, mais elle s'amuser à le provoquer (en prenant quand même soin de respecter les limites liées à son rang) et comprend peu à peu que sa froideur cache peut-être plus qu'elle ne le pensait. Norivun semble clairement captivé par sa prisonnière dès le début, mais il se révèle de plus en plus passionné et possessif au fil des jours. La romance contrariée entre les deux ennemis évolue lentement, mais c'est un vrai régal de la découvrir au travers de leurs interactions pétillantes. L'écriture est fluide, le récit prenant. J'ai passé un très bon moment et j'ai très envie de découvrir la suite de cette série en quatre tomes.