Les Chroniques de l'Imaginaire

Blood Crawling Princess (Blood Crawling Princess - 1) - Azuma, Yuki

Quand son royaume est attaqué brutalement par le pays voisin, la petite princesse Evita est la seule survivante de la famille royale. La fillette s'accroche aux derniers mots de sa mère : elle doit vivre à tout prix.

Quelques années plus tard, Evita est devenue une jeune femme magnifique, cachée sous une identité d'emprunt : Priscilla, la plus coûteuse des prostituées de l'enclave autonome de San Missa, un lieu dédié aux plaisirs masculins dont les femmes ne peuvent s'échapper une fois qu'elles y sont entrées (généralement vendues de force). Malgré sa notoriété, son quotidien est fait d'humiliations et de sévices, son corps nu constamment offert aux mains indélicates d'hommes lubriques. Elle est d'ailleurs la favorite du troisième prince, une brute bête et adipeuse.

Mais la braise couve encore sous la cendre. Evita semble soumise et résignée, mais ce n'est qu'une façade. Elle est en fait la meneuse d'une prochaine révolte préparée de longue date, qui doit rendre leur liberté aux prostituées. Les femmes ont mis de côté des armes, elle-même a collecté des informations car elle ne rêve que de venger les siens. Le sang est sur le point de couler à nouveau.

Âmes sensibles s'abstenir : l'avertissement sur la couverture réservant cette lecture aux adultes n'est pas à prendre à la légère. Violence guerrière, violence sexuelle, sang qui gicle... C'est cru, et ce à toutes les pages ou presque.

L'histoire est sombre, avec une violence constante, même quand les prostituées gardent une façade souriante et câline pour les clients. Le scénario nous montre toute cette horreur sans nous épargner. Cette vie de souffrance n'a pourtant pas érodé la volonté d'Evita. La princesse déchue couve sa vengeance avec rage et elle brûle de pouvoir enfin l'assouvir, œuvrant dans l'ombre pour s'y préparer.

Les dessins oscillent entre deux opposés. Le talent du dessinateur est indéniable, avec des traits précis et des décors bien travaillés. Les personnages féminins aux courbes harmonieuses sont superbes, et Evita est tantôt mignonne comme un cœur quand elle joue l'ingénue, tantôt pitoyable quand elle s'agenouille devant les hommes qui abusent de leur supériorité. A l'inverse, les hommes sont dans la grande majorité très laids, avec des visages hideux et déformés : ils remporteraient haut la main des rôles de zombies dans des films fantastiques. Evita n'est pas en reste non plus quand elle est habitée par la rage, illustrant le fait que la violence est toujours laide, même motivée par la vengeance.

C'est un manga cru et dérangeant, à réserver aux adultes avertis non incommodés par la violence et le sexe.