Emmylou, dix-huit ans, décide, sur un coup de tête, de partir en Angleterre comme jeune fille au pair afin de bosser son anglais et d’être plus à l’aise pour les concours de journaliste qu’elle veut passer. Elle atterrit à Hidden Grove, en banlieue londonienne. C’est un domaine privé où il n’y a que quelques maisons, niché au creux d’un immense parc, entouré de hauts murs, et protégé par une grille qui ne laisse entrer aucun intrus. Pour cette jeune fille aux origines modestes, elle a l’impression de vivre presque un rêve : les maisons sont cossues, et ses employeurs la mettent très vite à l’aise.
Mais Emmylou est là pour travailler, elle s’occupe donc de Simon, un petit garçon de deux ans, et de Lewis, son grand frère d’une douzaine d’années qui semble malade, ainsi que du ménage de la maison qu’elle doit récurer de fond en comble chaque jour. Mais, assez vite, Emmylou se rend compte qu’il y a des choses un peu bizarres. De quel mal est atteint Lewis ? Où est passée Irina, la précédente fille au pair ? Pourquoi y a-t-il une maison vide dans le domaine ? Et pourquoi Emmylou n’a-t-elle pas le droit d’en sortir, même pour une promenade ?
Bien que les apparences semblent tout à fait normales de prime abord, la jeune fille est loin d’imaginer pourquoi elle a été choisie comme jeune fille au pair de la maison.
Je ressors de cette lecture un peu mitigée. D’un côté, l’histoire se lit vite, avec un effet d’accentuation de la vitesse dû aux chapitres souvent courts ou très courts (parfois d’une petite demi-page), d’un autre côté, j’ai l’impression d’avoir déjà lu une bonne partie de l’histoire, sous d’autres formes, certes, mais sans rien trouver d’original.
D’un bout à l’autre, on est dans la tête d’Emmylou, une adolescente de dix-huit ans qui ne rêve que d’une chose : s’émanciper de sa vie étriquée. Si au début il est beaucoup question de classe et de statut social, le sujet disparaît presque totalement pour ne ressurgir qu’une seule fois aux trois quarts de l’histoire pour montrer le « pouvoir de l’argent » (je ne peux pas vous divulgâcher le moment, ça serait dommage). Entre temps, Emmylou s’est très bien habituée au confort de la maison de ses employeurs et ne se pose plus trop de questions.
Emmylou se révèle être parfois très naïve et parfois trop douée (qui peut ouvrir une serrure avec une épingle à cheveux de nos jours ?). Certaines ficelles scénaristiques sont un peu grosses (mais vive la suspension d’incrédulité !) mais la bonne idée de l’autrice est de placer l’histoire au milieu des années 90, quand Internet et les portables n’étaient pas du tout démocratisés. Ce qui permet une immersion complète de la jeune fille dans un piège qui se referme sur elle, sans qu’elle puisse s’en sortir trop facilement. J’ai trouvé ça plutôt malin, je dois l’avouer.
La lecture globale n’est donc pas désagréable, même si mon esprit a été titillé par quelques détails ou des impressions de « déjà vu ». C’est toutefois un premier roman qui ne démérite pas malgré ses défauts de jeunesse.