Les Chroniques de l'Imaginaire

Avec les fées - Tesson, Sylvain

Sylvain Tesson a décidé d'arpenter les côtes de ces terres celtiques qui vont de la Galice à l'Écosse. Commençant son périple à pied, il retrouve ses amis Benoît et Humann à Gijón pour traverser le golfe de Gascogne en voilier. Le but de ce voyage : parcourir les côtes à pied, en vélo, en bateau, à la rencontre de ce monde celtique et surtout à la recherche des fées. Non pas ces êtres ailés mais plutôt ces instants de grâce lorsque l'on contemple les reflets du soleil sur la mer, ces stacks qui se dressent le long des côtes, ces lumières différentes du bord de mer, ces paysages et le ciel aux couleurs changeantes.

L'auteur aime marcher seul le long des chemins côtiers, bivouaquer au bord des falaises, escalader des éperons rocheux pour avoir le plaisir de contempler et nous faire part de ses réflexions sur ce qu'il voit, sur la vie et ce monde qui évolue.

J'aime quand Sylvain Tesson déplore l'envahissement de la technologie sur le quotidien, quand le monde s'extasie de cette omniprésence de la technique et des machines qui empiètent sur les hommes. J'aime quand il s'émerveille d'un animal sauvage croisé en ville, d'une vue sur une falaise, d'un ciel d'orage, de ces Celtes qui ont traversé l'Europe pour s’établir sur les côtes jusqu'en Irlande et en Écosse. J'aime moins quand il nous livre des réflexions quelque peu sentencieuses, et quand depuis quelques ouvrages il ne semble plus se mêler et échanger avec les populations locales qu'il croise.

Tesson donne l'impression de se recentrer sur lui-même et de moins s'ouvrir aux autres. Peut-être est-ce dû à sa longue fréquentation des hommes au cours de ses nombreux périples ou à son désir de s'éloigner de ce monde trop connecté qui gomme les différences ?

Quoi qu'il en soit, j'apprécie toujours chez lui cette recherche de poésie dans le moindre mouvement de terrain, dans ces roches grignotées, hachées par la mer, dans le vent qui fait bouger les feuilles. L'auteur a toujours ce côté contemplatif assorti de réflexions sur le passé et le présent, qui même si on ne les partage pas tout le temps nous font le plus souvent nous interroger sur nos besoins et notre façon de vivre.

Déçu par son précédent ouvrage, il me réconcilie avec son écriture passée tout en restant un peu sur ma faim, loin de la profondeur de Dans les forêts de Sibérie ou de la verve de Berezina.