Les Chroniques de l'Imaginaire

Rodeo Vice - Martinelli, Gia

Petite frenchie fraîchement diplômée du baccalauréat, Rose atterrit à Los Angeles à la fin de l’été. Impatiente de rencontrer les Floyd, la famille d’accueil chez qui elle va passer une année pour parfaire son anglais, elle ne s’attend pas à découvrir la culture américaine sous le prisme d’une communauté religieuse isolée et hostile aux nouvelles technologies.

Très croyante, la famille composée de Carl, Judy et de leur fille Jane, vit à Rodeo Church, d’anciennes carrières de chevaux qui jouxtent une église et où s’étendent à perte de vue des prairies que le pasteur Anthony a rachetées pour une bouchée de pain avant d’y établir son petit paradis.

D’emblée, tout le monde intègre chaleureusement Rose, considérée promptement et sans consultation comme un membre à part entière de la communauté, pliée à ses règles et ses devoirs. Au programme de la rentrée, les matinées sont réservées à l’enseignement au sein du lycée voisin et les après-midis à l’entretien du ranch avec la mystérieuse Maxine, qui ne laisse pas Rose indifférente.

Si tout se passe pour le mieux dans ce qui semble être plus ou moins le « meilleur des mondes », la disparition soudaine de Kristen, une amie de Maxine, commence à questionner Rose qui entreprend une enquête à ses risques et périls pour faire enfin éclater la vérité sur cet endroit et ses dérives sectaires.

À mi-chemin entre de la romance et du thriller psychologique, ce premier roman de Gia Martinelli démarre vite et fort pour ensuite ne jamais arrêter la cadence. On comprend d’entrée de jeu que quelque chose cloche dans cette famille, pour ne pas dire dans la communauté toute entière, tant tous suivent aveuglement le précepte autoritaire d’un homme dangereux et manipulateur venu tout droit des enfers d’un autre temps.

L’atmosphère y est dérangeante à souhait et l’écriture fluide et accrocheuse avec des phrases courtes maintient le suspense avec brio jusqu’au bout. De façon trop précipitée à mon goût en revanche car, qu’il s’agisse des rebondissements, des rencontres ou des sentiments, tout est amené très rapidement. Les traits de personnalité et la psychologie des personnages ne sont pas toujours très approfondis, ce qui donne lieu à des situations et des réactions assez surprenantes pour ne pas dire décalées, voire difficilement acceptables.

Malgré quelques clichés (surtout amoureux), on se laisse prendre par l’intrigue pour réaliser au bout d’une heure et demie (deux heures si on pousse avec un café) qu’on est déjà arrivé à la fin. Une lecture toutefois plaisante et captivante, idéale pour cet été et qui peut certainement plaire au nouveau lectorat porté par la vague de la new romance (avec quelques trigger warning que je n’ai pas mentionnés pour ne pas trop en révéler sur un livre qui se lit déjà bien trop vite).