Sara Crewe a passé ses premières années aux Indes mais son père, désirant parfaire son éducation, l'inscrit dans un pensionnat réputé à Londres avant de retourner seul en Asie. La directrice, miss Minchin, est une femme froide et cupide, qui déteste d'emblée la nouvelle pensionnaire (qu'elle imagine prétentieuse et pourrie gâtée au vu de son fastueux trousseau) mais se montre tout sucre tout miel pour se mettre dans les bonnes grâces de son riche client. Ainsi, Sara vit dans le luxe tout en étant encensée par son entourage : les adultes la flattent par calcul, les enfants parce qu'elle est gentille et généreuse. Sara est affable et adore ses nouvelles camarades, qu'il s'agisse de la maladroite Ermengarde ou de la petite orpheline de mère Lottie, ou même de Becky la servante maltraitée ; seule la pimbêche Lavinia, très jalouse d'avoir perdu son rang de coqueluche du pensionnat, ne peut pas la voir en peinture. Les années passent...
Cet album est le premier tome de l'adaptation par Audrey Alwett au scénario et Nora Moretti au dessin du roman jeunesse La petite princesse de Frances Hodgson Burnett, initialement paru en roman-feuilleton en 1888 et popularisé notamment par son adaptation en série télé d'animation sous le titre Princesse Sarah en 1985. Cette adaptation reprend l'histoire originale dans un premier cycle de quatre tomes, mais propose également des suites imaginant Sara adulte : le tome 15 est à paraître en septembre 2025.
Si l'on reconnait bien la trame de l'histoire et les personnages originaux, on s'en éloigne par le décor : Sara vit dans une Angleterre victorienne matinée de steampunk. Ce sont d'ailleurs aux automates que son père doit sa fortune initiale. Si cela paraît un peu surprenant au premier abord, cela s'insère finalement très bien dans l'histoire, et on prend plaisir à rencontrer au fil des pages des poupées domestiques ou encore un oiseau mécanique qui sert de messager.
Ce premier tome ne propose guère de surprises ou de rebondissements inattendus, mais est néanmoins prenant. On est touché par la jeune Sara, à la fois intelligente et rêveuse, dont la personnalité lumineuse fait le bonheur de son entourage. Elle est riche mais ne se prévaut pas de son statut social pour humilier les autres, faisant toujours preuve de bonté et d'altruisme. C'est donc un plaisir de la voir évoluer au fil des pages et, même si on connaît ou devine l'histoire, on ne s'ennuie pas.
C'est surtout le côté graphique qui donne son prestige à cette BD. C'est sublime ! Les personnages ont toujours des coiffures et des tenues élaborées dignes de l'époque victorienne, des expressions parlantes. Les décors sont travaillés, la mise en page dynamique. Visuellement, on se régale à toutes les pages. Il y a éventuellement juste un peu trop de texte à mon goût, mais c'est peut-être juste parce que je l'ai lu en ligne sur le reader NetGalley qui ne permet pas de zoomer, ce qui a rendu ma lecture de certains phylactères laborieuse.
C'est une chouette BD qui m'a donnée envie de découvrir la suite de la série.