Myrina vit avec ses parents et son grand-père dans leur minuscule appartement, qu'ils partagent de surcroît avec des bébés jiihs dont son père s'occupe. En effet, Station Symbiose a été bâtie par et pour une confédération d'espèces alien qui y cohabitent assez harmonieusement. Suite à la destruction de leur planète, les Humains y ont été admis, par charité et contre l'avis d'un certain nombre d'espèces. Ils sont employés au nettoyage des filtres de la station d'épuration, et c'est là que travaille la mère de Myrina.
Celle-ci, après sa journée à l'école inter-espèces, donne des concerts d'odeurs dans une salle de spectacles tenue par une connaissance de son Professeur. Elle le fait à l'insu de ses parents, dont elle estime qu'ils la sur-protègent. Un jour, en plein spectacle, elle capte un appel à l'aide mental. En le suivant, elle finit par découvrir une boule de plumes qu'elle glisse dans son sac. Après des débuts chaotiques, leur relation s'établit, et tombe spécialement bien alors que la mère de Myrina est arrêtée, avec d'autres employées, quand un problème est découvert avec l'épuration de l'eau, dont elles sont chargées.
Devant la passivité de son père, décidé à faire confiance aux aliens pour découvrir l'origine du problème et libérer les prisonnières, Myrina se jure de ramener sa mère qui lui manque terriblement. Son nouvel ami va l'aider.
Quête, roman d'aventures et roman identitaire, je ne doute pas que cette histoire parlera aux adolescents. En effet, on voit son héroïne dans ses difficultés à l'école ou avec ses parents, et en révolte contre la société où elle vit, qu'elle trouve foncièrement injuste envers son espèce. On la voit donc évoluer de la position où elle se borne à râler contre tout et tous à une situation où elle se retrouve en situation d'agir pour faire bouger les lignes. Bien sûr le thème des discriminations en tout genre est au centre du roman, mais traité avec douceur et comme par la bande, si bien qu'on n'a à aucun moment l'impression de subir un prêche sur la tolérance et le respect de la différence.
C'est bien fait, et si j'ai parfois trouvé répétitifs les dialogues entre Myrina et Pyr'hus, ils n'en font pas moins avancer la relation et l'intrigue. Les différentes espèces d'aliens sont variées et imaginatives, et le concept de la Station commune est un bon moyen pour montrer les rapports qu'elles entretiennent. Par ailleurs, on pourra apprécier dans sa modernité le message sur la position centrale pour tous du cycle de l'eau dans un circuit fermé : qu'il s'agisse d'une construction artificielle ou d'une planète, le problème des ressources concerne tout le monde.
Ce qui m'a vraiment bluffée par son originalité, c'est l'art si singulier de Myrina et ce qu'elle en fait. Non seulement l'idée est peu représentée, l'odorat étant le parent pauvre parmi nos sens en littérature, mais l'autrice déploie un grand talent dans la mise en place de l'histoire autour de cette idée de départ. La façon dont les spectacles de Myrina, et la réputation qui va avec, croissent au fil du roman, touchant de plus en plus de monde et prenant de plus en plus de place aussi dans la vie de la jeune fille, est vraiment bien représentée.
En somme, cette histoire, et l'alienothèque qui lui sert de postface, est une bonne recommandation pour tout.e lecteur ou lectrice à partir de douze ans.