Les Chroniques de l'Imaginaire

Rejetée par le sauvage (Les Cinq Meutes - 5) - Wells, Cate C.

Quand elle était encore enfant, Annie a assisté à une scène d'une grande barbarie et est restée traumatisée. Elle entend en permanence dans sa tête une Voix qui lui énonce tous les dangers imaginables, et sa louve qui lui dit de fuir. Alors, elle gère ses crises d'angoisse comme elle peut et se fait discrète au maximum. Pour elle, tous les mâles sont des monstres terrifiants et elle n'est pas prête du tout à avoir un Compagnon.

Dans la Première Meute, les femelles et les enfants sont précieux. Justus est donc ravi que la Fortune lui ait accordé une Compagne, d'autant qu'il trouve Annie vraiment jolie. Quand il découvre qu'il terrifie Annie malgré les égards dont il essaie de faire preuve, la colère l'emporte et il la laisse derrière lui avec des mots durs.

Pourtant, malgré les années qui passent, Justus ne peut oublier Annie. Il est devenu le mâle le plus puissant de sa meute de loups-garous, mais il aspire à une Compagne et des petits. Quand l'occasion se présente, il enlève Annie sur un coup de tête et la ramène chez lui. Saura-t'il l'apprivoiser et la convaincre de lui redonner une chance ?

C'est cette fois Annie qui va trouver son âme sœur et, comme pour ses amies de toujours de la Meute des Carrières, cela ne va pas aller sans difficulté. Annie souffre d'anxiété permanente, elle a besoin de se sentir en sécurité et ne trouve un semblant d'équilibre que dans une routine quotidienne où elle essaie de ne jamais se faire remarquer. Il lui faut sa maison, ses verrous pour se barricader, son thé et son tricot. Elle abhorre les mâles en général, et ceux de la Dernière Meute plus encore tant ils sont réputés sauvages et barbares. Ne vivent-ils pas dans des tanières rudimentaires, presque comme des bêtes ? Une vie comme celle-ci représente l'enfer pour Annie !

Justus est fier de faire partie de la Première Meute (notez la différence de point de vue jusque dans le nom donné à la meute...). Ils sont les seuls loups-garous à vivre encore conformément à leur nature, à avoir conservé totalement leurs instincts et capacités. Ils n'ont pas besoin d'électricité tant que leurs abris disposent de couettes bien chaudes, ils n'ont pas besoin de viande sous emballage puisqu'ils peuvent chasser les wapitis. Le confort est sommaire, mais la solidarité et la bienveillance dans la meute n'ont pas de prix.

Les deux Compagnons doivent donc surmonter les craintes incessantes (et généralement infondées) d'Annie, le mauvais départ qu'ils ont pris en se méprenant sur la réaction de l'autre et leur différence de mode de vie. Heureusement pour eux, ils vont triompher de ces difficultés plutôt naturellement. Par contre, de mon côté en tant que lecteur, j'aurais aimé un peu plus de tracas et rebondissements dans leur relation ; même l'intervention tardive de la Meute des Carrières peine à apporter plus qu'une touche de tension.

C'est agréable à lire, les personnages sont très attachants et j'ai beaucoup aimé découvrir le mode de vie de la Première Meute, mais je trouve ce cinquième tome de la série nettement plus creux que le premier.