J'attends toujours le numéro d'été avec impatience pour y découvrir la nouvelle lauréate du prix Solaris, et je dois dire que j'ai trouvé celle de cette année particulièrement réussie, ce qui ne m'a pas vraiment étonnée, signée qu'elle est de Célia Chalfoun dont j'avais beaucoup aimé les textes parus dans les numéros 230 et 224 de la revue. Le volet Fictions est d'ailleurs totalement passionnant. Il est composé de :
Femme de la falaise, de Célia Chalfoun, Prix Solaris 2025 : Elle a toujours peint, et son père l'a soutenue longtemps. Mais un jour, le héron de la falaise l'a appelée. Malheureusement, il semble qu'elle ne puisse le rejoindre à la hauteur où il est, tant les eaux du fleuve ont baissé depuis le temps où il a été peint. Le peuple qu'elle a quitté ne la laissera pas tranquille, toutefois. C'est vraiment là une très belle histoire, poétique, évocatrice d'un univers à la fois évoqué complètement et qui donne envie d'en savoir davantage. L'un des grands points forts à mon avis est l'évidente tendresse de l'autrice pour tous ses personnages, tous complexes et attachants. Vraiment, surtout si l'on tient compte du format court, on ne peut qu'être impressionné.e par le caractère abouti de ce texte.
Les émotions perdues, de Richard Canal : Ces explorateurs au bord du renoncement ne s'attendaient pas à trouver un tel filon dans cette vieille structure ! Voilà une nouvelle belle et originale qui alerte habilement sur les dangers de l'actuelle dérive sécuritaire de nos sociétés.
L'effet Papillon, de Catherine MacLeod : Sur une Terre et dans une ville californienne, Calithene, où les papillons sont de moins en moins nombreux, trois jeunes gens, amis depuis toujours, essaient de survivre et de suivre leurs rêves, jusqu'au jour où une étrangère ouvre un atelier de tatouages dans la ville. Cette nouvelle vient de la revue canadienne On Spec, partenaire de Solaris, et a été traduite de l'anglais par Pascal Raud. C'est un beau texte original et intéressant, où l'on retrouve le thème de la survie difficile sur une planète de plus en plus endommagée. J'ai particulièrement aimé les personnages, touchants, cohérents et crédibles.
Suivre le rythme, d'Isabelle Piette : Le narrateur avait trouvé une forme de paix, ou du moins de tranquillité, et ne voulait pas être dérangé. Mais Nico, le gentil et timide Nico, l'a déniché, et c'est vrai qu'il a un bon sens du rythme... Le fantastique n'est pas le genre de l'imaginaire que je préfère, mais l'originalité de ce texte a attisé ma curiosité, avant d'emporter mon adhésion avec ses personnages touchants et son rythme, précisément, parfaitement maîtrisé.
Dans son Cabinet des curiosités surnaturelles annuel, Sébastien Chartrand nous ouvre cette fois La Chambre des machines extraordinaires. Comme d'habitude, la culture de l'auteur est ébouriffante ! Il dresse un panorama qui m'a paru complet de tout ce que les humains ont pu imaginer pour observer leur environnement dans ses quatre dimensions (les machines destinées à la divination ou à l'écoute des voix d'outre-tombe y figurent en bonne place), pour occire leurs prochains, pour se déplacer ou pour reproduire des éléments de la Création. Bien sûr, dans chaque cas, l'auteur nous donne des idées de lecture en citant les œuvres où de telles machines apparaissent. C'est une excellente idée que cette rubrique régulière, où l'on apprend en se distrayant.
Mario Tessier consacre ses Carnets du Futurible à La Référence en science-fiction, en imprimé et sur le Net. Autant le dire tout de suite : cet article justifierait à lui seul le coup de cœur que j'ai accordé à ce numéro de la revue, et que vous le conserviez précieusement dans votre bibliothèque. En effet, non seulement l'auteur cite les différentes sources qu'il utilise - et tous.tes les habitué.es de sa chronique connaissent l'étendue et la pertinence de ses références -, mais il commente scrupuleusement chacune. Quand je vous dis que cet article est une mine ! Mes collègues des Chroniques de l'Imaginaire et moi-même avons donc été particulièrement touché.es et flatté.es de découvrir notre site inclus dans la liste des sites d'Actualités en science-fiction.
Claude Janelle a extrait de son Daliaf l'autrice québécoise d'origine palestinienne Yara El-Ghadban. Son roman paru l'an dernier, La danse des flamants roses, a reçu le Prix Mare Nostrum 2024, catégorie "Roman méditerranéen". Il décrit une utopie post-apocalyptique dans le cadre géographique de la Palestine. Cela pourrait suffire à attirer l'attention, mais l'argument et les personnages semblent très intrigants et attirants. Pour ma part, je prévois de suivre le conseil de l'auteur de cette critique de "le lire absolument".
Dans la catégorie "conseils de lecture que j'ai très envie de suivre", je me suis noté dans la partie "Littéranautes" Inventaires enchantés, Royaumes ensorcelés, un recueil chroniqué par Christine Hébert. Quant à la partie Lectures, dont j'ai salué avec plaisir le retour, j'y ai relevé Comment voyager dans les terres oubliées, de Sarah Brooks, chroniqué par Elisabeth Vonarburg, sorti récemment au format poche chez 10/18 et qui semble intéressant.