Les Chroniques de l'Imaginaire

Smoking behind the supermarket with you (Smoking behind the supermarket with you - 3) - Jinushi

Il y a des mangas qui vous happent sans bruit, presque à votre insu. Smoking Behind the Supermarket with you fait partie de ceux-là. Dès le premier tome, j'ai été touchée par cette atmosphère feutrée, entre deux monde : celui du quotidien gris des salarymen, et celui, un peu suspendu, de ces quelques minutes volées derrière un supermarché, où l'on peut enfin respirer - ou fumer.

Dans ce troisième volume, la relation entre Sasaki et Tayama continue d'évoluer avec délicatesse. Entre moments suspendus à la sortie du travail et échanges timides, le duo explore une complicité naissante teintée de non-dits.

Alors que les fêtes de fin d'année approchent, Sasaki se retrouve au centre de rumeurs de mariage qui ne le concernent pas et qui ne rassureront pas Tayama. Le soir du réveillon, il fait la rencontre d'Obata, nouvel employé du supermarket, maladroit et sincère, épris de la manageuse Goto.

Ces bouleversements mettent à nu ses émotions, jusqu'alors soigneusement contenues. La nouvelle année débute sur une note incertaine : l'absence de Yamada, un message inattendu d'un ancien collègue, une inquiétude mal dissimulée ; les fondations de leur fragile relation vacillent.

Porté par une atmosphère feutrée et un humour subtil, ce tome met en lumière les hésitations, maladresses et gestes silencieux qui jalonnent le chemin vers l'intimité. Le récit, toujours aussi pudique, gagne en intensité émotionnelle sans jamais tomber dans l'excès, consolidant le charme discret mais profondément touchant de cette série atypique.

Je prends toujours beaucoup de plaisir à suivre le duo. Dans ce tome, la distance entre Sasaki et Yamada semble se réduire - non pas dans les faits, mais dans l'intention. Les quiproquos s'enchaînent, mais chacun agit avec une sincérité désarmante.

Avec ce troisième volume, Jinushi continue de jouer avec les silences, les gestes retenus et les mots qui n'arrivent jamais à sortir. On ne lit pas cette série pour l'intrigue, mais pour la finesse des émotions, des regards, pour cette gêne douce et sincère entre deux personnages que tout oppose, sauf peut-être la solitude. Et c'est justement cette humanité-là, discrète mais tenace, qui me touche à chaque fois. A travers une mise en scène minimaliste mais sensible, l'auteur capte l'intime dans le banal, et fait naître l'émotion là où l'on ne l'attend pas.

Le volume se clôt sur une résonance à la fois touchante et pudique, laissant planer l'espoir fragile d'un rapprochement. Ce n'est ni une romance classique, ni un récit platement réaliste : c'est un entre-deux mélancolique et humain, à l'image de ses deux protagonistes.