Et si on pouvait résoudre les malentendus simplement en se plantant un outil dans le nez ? Et si on pouvait recevoir du futur la photo de tous nos partenaires potentiels ? Et si les robots tombaient amoureux ? Et si on mangeait des formes : rond, triangle, carré ? Et si...
Ce recueil propose trente-trois micronouvelles de Ryoko Kui, chacune comprenant entre trois et dix pages. Forcément, ce format ultra-court impose d'aller droit au but, d'explorer l'idée de base de manière choc. Et forcément, certains récits plairont plus ou moins. Certains explorent des adages ("l'argent ne fait pas le bonheur", etc.) ; d'autres sont tellement bizarres que je ne les ai comprises qu'à moitié, voire pas du tout. Tous en tout cas explorent des thèmes originaux.
Parmi mes items préférés se trouvent les éléphants de Triste zoo dont la fin ranime un espoir qui déclinait, Procès par proxy où les doutes vis-à-vis d'autres personnes se transforment en procès imaginaires, les interrogations truculentes de Parlons plantes, les humains de compagnie de Soleil de printemps et Lune d'automne, mais aussi - en bonne amoureuse des chats - la chatte de Se faire belle qui reprend une routine de beauté humaine avant un rencart et le chat divin plein de puces de Seuls les dieux savent, la protagoniste surprotégée de Héroïne de micronouvelle, les lapins et rats peuplant une Lointaine utopie, le phénomène météo associé au mariage des renards dans Camouflage... Bref, vous aurez compris qu'il y a de quoi satisfaire tout le monde !
Le graphisme est tout aussi varié. Certaines histoires sont illustrées de dessins travaillés (j'ai adoré visuellement Le printemps au fond du lac ou Notion d'échelle, ainsi que certains planches au fil des autres nouvelles), d'autres n'ont droit qu'à des bonhommes grossièrement esquissés. Ces derniers ne sont pas forcément très attractifs, mais ils sont clairs et efficaces.
J'ai trouvé sympa que la dernière nouvelle fasse lien avec la première, ainsi la boucle est bouclée ! D'ailleurs, en regardant attentivement, vous noterez que la magnifique couverture - qui reprend des éléments des diverses histoires - compose également une fresque sans fin si on assemble les deux bouts, c'est très bien réalisé.
Un recueil varié qui illustre tout le talent de son autrice.
