Dafyd Alkhor est un jeune assistant de recherche dans l'équipe de Tonner Freis, la vedette qui a réussi une percée en biologie sur Anjiin. Aussi sera-t'il enlevé avec la quasi-totalité de ses co-chercheurs quand les vaisseaux Carryx arrivent inopinément autour d'Anjiin, tuent immédiatement un huitième de la population humaine, et en emportent les meilleurs éléments. Arrivés sur la planète de leurs ravisseurs, les membres de l'équipe sont chargés de résoudre une énigme en biologie : comment utiliser une substance inconnue pour nourrir une espèce alien tout aussi inconnue. Ce alors qu'ils sont encore traumatisés par ce qui leur est arrivé.
Dafyd tente de se distraire de son attirance pour Else, qui s'est éloignée de lui sans pour autant se rapprocher de Tonner, en prêtant attention à son nouvel environnement. Cela lui permet entre autres choses de repérer le "bureau" du documentaliste Carryx chargé de les encadrer, afin de lui demander ce qui leur manque pour travailler. Malheureusement, ce progrès attirera l'attention d'une espèce extra-terrestre agressive, et conduira à la mort d'Irina, l'une des membres de l'équipe. Mais Dafyd utilise toutes leurs interactions avec les Carryx et les autres aliens pour comprendre comment ceux-ci fonctionnent, et pour apprendre à survivre dans cet environnement étranger et troublant. C'est ainsi que peu à peu son rôle au sein de l'équipe de chercheurs se modifie.
D'autant qu'il va apprendre la présence près de lui d'un élément insoupçonné, qui va changer son regard sur certains de ses compagnons, et qui va peser sur sa réaction aux projets de révolte violente élaborés par d'autres groupes humains.
L'univers présenté ici est intéressant, d'autant que la fin promet des développements variés, avec l'éclatement du groupe au centre de ce tome. Ce premier volume peut évidemment se lire seul, en ce qu'il constitue un roman complet en soi, mais il donne furieusement envie de savoir de quelles façons l'auteur va amplifier son intrigue dans les tomes suivants. C'est clairement l'oeuvre d'un auteur de space opera qui sait ce qu'il fait, ce qui n'a rien d'étonnant de la part du créateur de The Expanse.
Le rythme est excellent, avec ses alternances d'action et de moments plus calmes, qui permettent aux lecteur.ices de respirer. Le développement des personnages est constant, en ce que chaque péripétie est une occasion de mettre en relief leurs facettes. Ils sont complexes, cohérents et crédibles, et promettent d'évoluer encore, au moins pour les humains que l'on voit agir. On en apprend relativement peu sur les différentes espèces d'alien, ce qui est logique puisque l'histoire est majoritairement racontée du point de vue de leurs captifs humains.
James Corey dédie son roman à ces "grands anciens" que furent Frank Herbert et Ursula K. Le Guin. Le fait est que les pages suivantes mettent immédiatement en évidence l'influence du premier, en évoquant magistralement l'atmosphère de Dune !
En somme, pour les lecteurs et lectrices fans de Space Opera et curieux.ses de voir se développer une nouvelle saga prometteuse, cette histoire qui donne envie de lire la suite est une très bonne indication.